Faites connaissance avec Marie, enseignante, qui a décidé il y a un an de tout plaquer pour partir aux Etats-Unis et créer son école de rêve : la Martinat French-American School. Marie nous fait découvrir son aventure extraordinaire et ce qui l'a poussée à se lancer !

1. Peux-tu te présenter en quelques mots stp ?

Je m’appelle Marie Martinat, mais beaucoup me connaissent sur les réseaux sous le nom de Maîtresse Marie Martinat.
Je suis enseignante, créatrice de contenu éducatif et fondatrice de la Martinat French-American School, une future école bilingue et bienveillante qui ouvrira ses portes à la rentrée 2026 à Orlando.
J’ai enseigné plusieurs années en maternelle dans une école internationale hors contrat, à Paris, où j’ai pu expérimenter des pédagogies alternatives et suivre mes convictions profondes : faire aimer l’école aux enfants, rendre leurs journées joyeuses et pleines de sens.
Aujourd’hui, je consacre toute mon énergie à concrétiser ce rêve d’école à taille humaine, où chaque enfant sera vu, entendu et encouragé.

2. C’était comment l’école pour toi quand tu étais élève ?

C’est drôle, parce que j’ai longtemps détesté l’école !
Petite, j’étais très TRÈS TRÈS curieuse, mais j’avais du mal avec les cadres rigides et les injustices... J’étais une élève pleine d’énergie, parfois un peu « trop », et je me sentais souvent incomprise. J'avais un besoin vraiment intense de bouger, qui n'était pas souvent compris.
Ce n’est qu’en redoublant, en changeant d'établissement et en rencontrant certains professeurs bienveillants au collège et au lycée que j’ai compris à quel point le regard d’un adulte pouvait changer le rapport d’un enfant à l’école...
Je crois que c’est de là que vient ma mission : faire aimer l’école à ceux qui, comme moi, ne s’y retrouvent pas tout de suite.
Et j’ajouterais que, contrairement à ce que prône souvent l’école “traditionnelle”, j’ai compris que l’affect est essentiel. Un enfant apprend mieux quand il se sent aimé, compris et respecté. L’émotion et le lien sont, à mon sens, les plus puissants leviers  d’apprentissage.

3. Qu’est-ce qui t’a amené à devenir prof des écoles ?

C’est un peu un mélange entre le hasard, le destin et une vocation tardive.
Je n’ai pas toujours voulu être enseignante. Mais après avoir eu mon premier enfant très jeune, j’ai observé le monde de l’éducation différemment. J’ai compris à quel point la façon dont on parle aux enfants, le regard qu’on leur porte et la confiance qu’on leur accorde pouvaient tout changer.
Et puis j’ai toujours adoré les enfants ! Si j’avais pu, j’en aurais eu cinq, sept, neuf… sans rire ! J’aime leur spontanéité, leur sincérité, et cette capacité incroyable qu’ils ont à apprendre sans s’en rendre compte.
J’aime aussi trouver des solutions à des “problèmes”, accompagner les enfants qui ont des troubles, qui bougent, qui n’aiment pas rester assis huit heures sur une chaise. Ce sont souvent eux qui m’inspirent le plus.
Aujourd’hui, enseigner n’est plus seulement un métier pour moi : c’est une mission de vie.

4. De manière générale, tu es plutôt attirée par la maternelle ou l’élémentaire ?

La maternelle, sans hésiter.
C’est un âge magique : celui des premières découvertes, de la curiosité naturelle, du langage qui se construit, des émotions qui s’apprivoisent.
J’aime cette période où tout est possible, où l’on peut enseigner à travers le jeu, les projets, les émotions et la créativité. C’est aussi là qu’on pose les bases de la confiance en soi. Et puis, j’aime leur spontanéité : les enfants de maternelle sont entiers, sincères, et c’est un bonheur quotidien de les voir s’émerveiller.
Mais j’ai aussi un vrai respect pour l’élémentaire : c’est une étape passionnante où les enfants commencent à structurer leur pensée, à lire, à écrire, à raisonner… et quand tout cela est fait dans la bienveillance, c’est magique aussi.

5. Peux-tu nous décrire le projet dans lequel tu t’es lancé ?

J’ai lancé le projet de créer une école bilingue française-américaine à Orlando, en Floride : la Martinat French-American School il y a un peu plus d'un an, en août 2024.
Depuis mes 4 ans, je suis fascinée par Orlando, la ville des enfants, des parcs et de Disney. Comme disait Walt : “If you can dream it, you can do it.”
Le projet a réellement pris forme en début de 2024, après plusieurs années de réflexion, de formations et de collaborations. L’école ouvrira à la rentrée 2026-2027 avec une capacité d’environ 75 élèves la première année, de TPS à CP puis une croissance progressive jusqu'au CM2  !
Nous proposerons un enseignement 50 % français / 50 % anglais, fondé sur les pédagogies actives, la bienveillance, les neurosciences, l'école du dehors et la curiosité du monde.

6. Quel(s) rôle auras-tu dans ta nouvelle école ?

Je serai la fondatrice et directrice, mais aussi, très certainement, une enseignante de cœur.
Les premières années, je sais que je devrai sans doute me concentrer beaucoup sur la direction... car évidemment si l’école ne fonctionne pas, je ne pourrai pas continuer. Mais là où je suis la plus heureuse, c’est en classe, au contact direct des enfants.
C’est une aventure familiale aussi : je monte ce projet avec mon papa, qui sera directeur financier, et je réalise le rêve de ma maman en lui offrant un poste d’ATSEM dans l’école. Elle a toujours aimé les enfants, mais ayant eu cinq enfants, elle était mère au foyer, et n’avait pas pu concrétiser ce rêve à l’époque. Aujourd’hui, on le réalise ensemble.

7. Pourquoi les USA plutôt que la France ou même un autre pays ?

Parce que les États-Unis, et en particulier la Floride, représentent pour moi la possibilité de rêver grand.
J’aime la mentalité américaine : la liberté de créer, d’innover, d’oser. Là-bas, on valorise l’audace et la différence.
Et puis, en tant qu’enseignante, j’ai toujours eu envie de faire le pont entre deux cultures éducatives. L’école française a une richesse intellectuelle immense, et l’école américaine a une approche plus positive, plus tournée vers la confiance en soi.
Je veux réunir le meilleur des deux mondes.

8. Pourquoi Orlando précisément ?

Orlando, c’est mon endroit préféré au monde depuis que j’ai 4 ans.
C’est une ville inspirante, à la fois familiale, créative et tournée vers le futur. C’est aussi le symbole du rêve, de la persévérance et de l’imaginaire, en partie grâce à Walt Disney.
Je me sens profondément alignée avec cette philosophie : croire que tout commence par un rêve.
Et surtout, c’est l’endroit où je me sens bien, où je suis pleinement moi-même, épanouie. C’est là que je veux que mes futurs enfants grandissent, dans un environnement sain, joyeux et surtout sécurisant.

9. Quelles seront les particularités de ton école par rapport à une école française ou américaine ?

Notre école sera bilingue, bienveillante et innovante.
Nous voulons un environnement où :

  • Les classes ne dépassent jamais 15 élèves ;
  • Les enseignants travaillent main dans la main, dans une atmosphère sereine et collaborative ;
  • Les pédagogies alternatives (Montessori, Reggio Emilia, Céline Alvarez, etc.) sont intégrées avec souplesse ;
  • Les enfants passent au moins une heure par jour dehors, car le cerveau a besoin de prendre l’air et les enfants ont besoin d’apprendre en mouvement et au contact de la nature ;
  • Les émotions, la motricité, la créativité et l’inclusion ont autant de place que les savoirs académiques ;
  • Une salle sensorielle sera dédiée aux enfants neuroatypiques ;
  • Une salle d'espace à scénario, à la française, pour apprendre "comme dans la vraie vie" ;
  • Et surtout, chaque enfant sera considéré comme un être unique.

Nous voulons aussi valoriser le  travail d’équipe des enseignants, leur donner les moyens matériels  nécessaires (personne ne devrait payer de sa poche pour sa classe !) et instaurer un programme commun qui facilite la transition d’un niveau à  l’autre.

10. As-tu une ou des méthodes pédagogiques de prédilection ?

Je m’inspire de plusieurs approches complémentaires : Montessori, Freinet, Céline Alvarez, et surtout des neurosciences. Comprendre comme le cerveau apprend, comprend...
Je crois profondément qu’on ne peut pas enfermer un enfant (ni un enseignant) dans une seule méthode ! Puisque par essence, chaque personne est différente, apprend différemment, à des besoins différents...
Ce qui compte, c’est d’observer, d’écouter et d’adapter.
Mon fil conducteur reste toujours le même : le respect du rythme de l’enfant, la bienveillance, la coopération et le plaisir d’apprendre.

11. Quelles sont les grandes valeurs que tu souhaites transmettre et promouvoir dans ta future école ?

Les valeurs au cœur de notre projet sont :

  • La bienveillance : parce qu’un enfant qui se sent aimé apprend mieux.
  • L’inclusion : chaque différence est une richesse.
  • La liberté pédagogique : pour permettre aux enseignants d’être eux-mêmes et d’innover.
  • La curiosité et l’ouverture au monde : nous voulons former des citoyens heureux, empathiques et ouverts.
  • La joie : l’école doit être un lieu de vie, pas de contrainte.

12. Est-ce que c’est compliqué de monter une école en tant que citoyenne française aux USA ?

Oui, c’est un véritable parcours du combattant, mais passionnant !
Entre les démarches administratives, le visa, les autorisations éducatives, le fait de tout financer soi-même et la recherche de locaux… disons que comme les TGV, une montagne peut en cacher une autre !
Mais chaque étape franchie est une victoire.
Je suis entourée d’experts formidables (avocats, comptables, enseignants…) et d’une communauté bienveillante qui m’aide énormément.
Je crois que rien n’est impossible quand on a une vision claire, du courage et beaucoup de détermination...

13. Il paraît que ton logo raconte une histoire… Peux-tu nous en dire plus ?

Oui, tout à fait !
Le logo de la Martinat French-American School reflète le lien entre deux cultures.
Il reprend les couleurs bleu, blanc et rouge des deux drapeaux, symboles de confiance, de paix et d’équilibre.
On y trouve aussi le blason de ma famille, les Martinat, représenté 3 fois pour mon papa, ma maman et moi.
Il y a 3 crans sur la clé, 3 feuilles sur la jeune pousse, et les quatre symboles réunis — Clé, Livre, Enfants, Feuille — forment le mot CLEF :  la clé du savoir, de la réussite et de la vie. C’est un logo porteur d’espoir, de rêve et d’histoire, à l’image de ce projet qui me ressemble profondément.

14. Peut-on t’aider à monter ton projet ? Et si oui, comment ?

Oui, bien sûr !
Toute aide est la bienvenue : partage, visibilité, réseau, soutien moral ou matériel.
Nous avons déjà reçu énormément de matériel et de cadeaux, c’est inestimable et nous nous sentons très chanceux.
Les familles intéressées pourront bientôt préinscrire leurs enfants, et les enseignants déjà installés aux États-Unis peuvent me contacter pour rejoindre l’aventure.
Et bien sûr, toutes les personnes sensibles à l’éducation positive peuvent soutenir le projet via les réseaux sociaux.
C’est un projet collectif, profondément humain.

15. Pour finir, si tu devais n’en donner qu’un seul, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite devenir enseignant·e ?

Je lui dirais : n’oublie jamais pourquoi tu as choisi ce métier !
Ce n’est pas un métier pour l’ego ou la reconnaissance, mais pour le cœur...
Il y aura des jours difficiles, mais chaque sourire d’enfant, chaque progrès, chaque lien tissera un sens immense.
Et surtout : reste toi-même, reste curieux, et n’aie pas peur d’innover malgré le regard des autres.
Parce que l’éducation, c’est avant tout une aventure humaine, faite d’amour, de patience et d’espoir.
Et au fond, on le fait tous pour la même raison : offrir un monde  meilleur demain, avec des enfants bien dans leur peau et confiants en  eux.


Ces propos ont été recueillis auprès de Marie Martinat en octobre 2025. Un grand merci à elle d'avoir partagé avec nous ce projet fabuleux. Si vous souhaitez suivre son aventure au quotidien et/ou lui donner un coup de pouce, rdv sur le compte Instagram de Marie (@maitresse_mariemartinat) et celui de son école (@martinat_frenchamericanschool)