Voici notre traditionnelle petite chronique littéraire pour les vacances. L'équipe s'est étoffée depuis la rentrée, il y en a donc pour tous les goûts ! Romans, bandes dessinées ou lectures studieuses, à consommer sans modération, accompagnés d'un bon chocolat chaud, d'un plaid et d'un chat ;)
Le choix de Stéphanie
Kilomètre zéro, Le chemin du bonheur.
Auteur : Maud ANKAOUA
Editions: Eyrolles
Parution: Septembre 2017
Kilomètre zéro est l’histoire d’une femme active parisienne qui accepte d’aider sa meilleure amie. Cette aventure (subie ?) la conduira dans la chaîne Himalayenne au Népal. Pendant son périple, elle prend conscience, au gré des rencontres, qu’elle s’est égarée dans sa vie de « business woman », en marchant elle redéfinit ses « essentiels » et « réapprend » les secrets du bonheur…
L’auteur Maud Ankaoua, est passionnée de relations humaines. Elle met à profit son expérience du monde de l’entreprise pour écrire son premier roman. Ce livre est une invitation au voyage, au ralentissement et à La Rencontre. La Rencontre de Soi et de l’Autre. Un livre plein d’espoir et d’Amour...et qui nous fait voyager !
J’ai rencontré ce livre à plusieurs reprises avant de me faire happer. Une première fois, dans une discussion sur le rythme de vie effréné que nous nous imposons (toujours pour faire du mieux que nous pouvons bien sûr ! ). La deuxième fois en discutant avec une randonneuse sur le GR10, je vous l’accorde à une toute autre altitude, mais nous avons trouvé notre chemin... Et la troisième fois à la boutique de la gare, parce qu’en attendant son train en retard il faut bien trouver quelque chose à faire, ne pas perdre son temps ! Je n’ai pas résisté, et c’était le bon moment !
Sa lecture m’a transportée dans un milieu hostile autant par le climat et l’altitude que par les questionnements qu’elle a fait émerger. Mais elle m’a aussi emmenée sur un chemin bien plus beau, plein d’espoir, de partage et de bienveillance.
Je vous souhaite un beau voyage et de belles rencontres !
Les choix de Mélanie
Âme brisée
Auteur : Akira Mizubayashi
Editions: Folio
Parution : 2019
L'histoire débute en 1938 à Tokyo en pleine guerre sino-japonaise, pendant une répétition entre musiciens amateurs (Yu, un professeur japonais ; et Yanfen, Cheng et Kang, des étudiants chinois). Celle-ci est interrompue par des soldats qui accusent les musiciens de comploter contre leur pays. Le fils de Yu, Rei, est caché dans une armoire et assiste aux échanges entre le quatuor et les soldats. L'un d'eux brise le violon de Yu, puis les musiciens sont arrêtés et emmenés. C'est alors qu'un des lieutenants repère l'enfant et lui confie le violon brisé...
J'ai aimé ce livre pour son écriture limpide et pour ses personnages humbles et attachants.
La trame de l'histoire me fait penser à La Tresse de Laetitia Colombani : on y rencontre différents personnages qui ont a priori peu en commun, mais dont les destins finiront par se croiser. Autant La Tresse m'avait plutôt laissée de marbre, autant ici j'ai été émue... peut-être parce qu'Akira Mizubayashi sait utiliser les mots justes pour décrire les sentiments provoqués par la musique... et donne envie de découvrir ou redécouvrir certaines œuvres de musique classique. Ces morceaux, ainsi que le violon brisé, sont le fil rouge de L'âme brisée pour évoquer le souvenir, le déracinement ou pour parler de résilience.
Mamie Luger
Auteur : Benoît Philippon
Editions: Le livre de Poche
Parution : 2018
Berthe, 102 ans, est placée en garde à vue après avoir aidé deux amants recherchés par la police à s'échapper. Si elle avoue rapidement avoir volontairement canardé les flics avec un Luger, elle doit aussi justifier la détention de ladite arme. Berthe se lance alors dans un récit de sa vie avec moult détails, et avoue bien vite un premier meurtre qui n'a rien à voir avec sa garde à vue. Puis un deuxième meurtre, puis...
Je peux vite juger un livre à sa couverture, et là c'était plutôt mal parti parce que je ne suis pas une fan de la couverture humoristique. Au final, c'est mon plus gros coup de cœur de l'année ! Cette mamie Berthe est un sacré phénomène, gouailleuse, anticonformiste et féministe. Evidemment, c'est drôle, mais pas que. On a envie de se révolter devant la lâcheté de l'homme (avec un petit h), on est ému lorsqu'elle évoque un moment intime de sa vie... et le final est bien amené. Bref, une bonne surprise, un roman qui se lit vite (parfait pour les vacances) et nous tient en haleine, et dont on a du mal à se dire qu'il a été écrit par un homme !
Les enfants sont rois
Auteur : Delphine de Vigan
Editions: Gallimard
Parution : 2021
Mélanie Diore est une grande fan de téléréalité. Elle a eu sa chance, une fois, dans une émission, mais a vite été éliminée. Plus tard, lorsqu'elle devient maman, elle lance sa chaîne de "parentalité" sur Youtube, qui rencontre un grand succès. Elle y expose tous les moments de vie de ses enfants, Sammy et Kimmy.
Mais un jour, Kimmy disparaît... C'est la policière Clara Roussel, qu'on pourrait décrire comme l'opposée de Mélanie, qui mène l'enquête. Elle découvre alors un milieu dont elle ignorait totalement l'existence...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Delphine de Vigan a probablement dû se farcir des heures et des heures de vidéos de parentalité sur Youtube, parce qu'elle a très bien cerné comment fonctionnent ces chaînes. Je recommande la lecture de ce roman à ceux qui ne savent pas ce qu'est l'unboxing ou un prank. Et si on connaît le sujet, la description minutieuse qu'en fait l'autrice ne fait que mettre en valeur tout le côté un peu flippant de ces chaînes (vous aurez peut-être deviné que ce n'est pas ma tasse de thé). C'est un roman qui nous implique, parce qu'il démarre sur la première émission de Loft Story qui reste, malgré tout, un "évènement" qui a été suivi par un grand nombre de personnes et qui parle à tous - jusqu'à une projection dans le futur, en 2030, sur les possibles conséquences de tout cela. Intéressant donc, même si je reste un peu sur ma faim sur cette dernière partie qui aurait pu être un peu plus poussée à mon goût.
En cadeau bonus, voici les deux bouquins que j'ai mis en haut de ma grrrrande pile de bouquins en attente :
Dune
Auteur : Franck Herbert
Editions: Pocket (version collector)
Parution : 1965
C'est un petit roman méconnu, dont personne n'a jamais entendu parler, et qui s'est vendu à trois exemplaires à sa sortie... Non, bien évidemment.
Je connaissais le livre de nom, mais j'étais persuadée qu'il s'agissait d'un bouquin de Stephen King que j'avais déjà lu. Grâce à mon collègue Guillaume, j'ai réalisé que non, ça, c'était Brume, et ce n'était pas la même chose (on ne se moque pas).
De plus, depuis quelques semaines, il est devenu difficile de passer à côté de l'adaptation au cinéma, surtout quand une bonne moitié de l'équipe d'Edumoov en parle et m'a bien vendu le roman. Je pourrais simplement aller voir le film, mais dans le combat entre Dune et le dernier James Bond, la petite moue de Daniel Craig a gagné (faible je suis).
Je ne vais même pas essayer de faire un résumé (il y a Wikipedia pour ça), sinon je risque de vous dire que dedans il y a beaucoup de sable et une Épice, et ce sera légèrement réducteur. Guillaume vous dévoile ses impressions un peu plus bas !
Les optimistes
Auteur : Rebecca Makkai
Editions: 10/18
Parution : 2021
Chicago, 1985. La carrière de Yale Tishman, jeune galeriste, s'apprête à décoller lorsque l'épidémie de sida frappe Chicago de plein fouet. Très vite, le virus s'immisce dans son entourage, et tout s'effondre autour de Yale. Bientôt, il ne lui reste plus que Fiona, la petite soeur de son meilleur ami Nico.
2015. Fiona se rend à Paris, à la recherche de sa fille devenue membre d'une secte. Logée chez une vieille connaissance, elle s'autorise enfin à revenir sur le traumatisme de sa jeunesse.
Retour à la réalité pour ce roman. L'autrice évoque l'histoire du sida, des années 80 à aujourd'hui. A la base, j'ai choisi ce roman parce que j'aimais le décalage entre le titre/la couverture, et le résumé pas franchement propice à l'optimisme sur la quatrième de couverture. Je trouve aussi intéressant que l'histoire ne se situe pas exclusivement dans les années 80-90, comme c'est souvent le cas lorsqu'on évoque le sida. En plus, c'est un bon gros pavé qui devrait m'occuper un moment, ça a l'air plutôt documenté. On verra !
Le choix de Guillaume.
Dune (volumes 1 et 2)
Auteur : Franck Herbert
Editions: Pocket
Parution : 1965
Dune est un classique de la littérature de science-fiction récemment adapté au cinéma par Denis Villeneuve. Après l’avoir lu il y a près de 25 ans, j’ai voulu replonger dans les sables d’Arrakis pour y retrouver l’univers vaste, belliqueux et politique avant d’aller le voir au cinéma. Ce premier tome narre l’arrivée de la famille Atréides sur le sol d’Arrakis afin de gérer la collecte d’épice pour le profit de l’empereur Shaddam IV.
Des guerres de pouvoir éclatent entre familles épaulées par leur mentat, leurs soldats, des Sardaukars et parfois les Bene Gesserit.
Au cours des deux premiers romans, on apprend comment la domination d’Arrakis se déroule et comment se jouent les luttes pour le pouvoir (sur Arrakis mais pas seulement !). Les quatre tomes suivants sont plus dédiés à l’univers complet de Dune.
C’est dans une épopée qu’Herbert nous propose de plonger et je vous invite à faire de même.
Le choix de Sébastien
Dans le palais des miroirs
Auteur : Liv Strömquist
Editions: Rackham
Parution : octobre 2021
Ma première lecture de novembre sera consacrée à une bande dessinée de Liv Strömquist, autrice suédoise. Je ne l'ai pas encore et ne peux donc que vous donner un avant-goût du sujet.
Aujourd’hui, peaufiner la façon dont chacun se présente dans une photo occupe une partie considérable de notre quotidien. La beauté de cette image en est devenue un élément central ; cela est vrai en particulier pour les femmes qui doivent maintenant l’entretenir tout au long de leur vie, bien plus longtemps qu’auparavant. En affichant toutes les photos publiques d’elle-même chaque femme est devenue, d’une certaine manière, une célébrité et chaque jour nous sommes accablés par des milliards de photographies et de selfies. Liv Strömquist analyse l’idéal contemporain de beauté féminine développant sa réflexion en cinq différents volets qui explorent tour à tour ce sujet sous un angle différent.
En savoir plus sur le site de l'éditeur
J'ai beaucoup aimé "Les Sentiments du Prince Charles" qu'elle a écrit en 2016, album dans lequel elle questionne les relations femme/homme en alternant éléments documentaires et délires fictionnels. Elle use d'ironie et fait preuve d'un ton mordant en s'appuyant sur des personnages historiques (souvent du milieu du cinéma et de la télé mais pas que) ou des spécialistes cités (sociologues, historiens...). La bibliographie est bien fournie. J'aime bien cette militante féministe et son humour pour communiquer sur des sujets graves.
Le choix de Charlotte
Blanc autour
Auteur : Wilfrid Lupano et Stéphane Fert
Editions: Dargaud
Parution : novembre 2020
Voici une des bandes dessinées que j'ai le plus aimées cette année, tant par le sujet militant (abolitionniste, féministe) que par les magnifiques illustrations.
En 1832, près de Boston, une "charmante et pittoresque" petite école pour jeunes filles accueille une vingtaine de pensionnaires.
Eduquer les filles, c'est un peu ridicule et inutile, pense-t-on alors dans la région. Mais somme toute pas bien méchant.
Jusqu'au jour où la "charmante école" annonce qu'elle accueillera désormais des jeunes filles... noires.
Trente ans avant l'abolition de l'esclavage, les quelques quinze jeunes élèves de l'école Crandall vont être accueillies par une vague d'hostilité d'une ampleur insensée.
A noter qu'il s'agit d'une histoire vraie : la Canterbury Female School de Prudence Crandall, ainsi que son histoire et ses élèves ont réellement existé. On apprend d'ailleurs à la fin que plusieurs d'entre elles devinrent par la suite enseignantes. A cette époque et dans une telle société, cela force le respect.
Bref, ne passez pas à côté de ce petit bijou !
Les neurosciences en éducation
Auteurs: Hippolyte Gros, Katarina Gvozdic, Emmanuel Sander, Calliste Scheibling-Sève
Editions: Retz
Collection: Mythes et réalités
Parution : 2018
Je vais profiter des vacances pour terminer la lecture de ce petit ouvrage très intéressant sur la place des neurosciences dans l'éducation. Loin de minimiser son importance, les auteurs proposent de décrypter certains "mythes" tenaces souvent issus de raccourcis séduisants mais caricaturaux, par exemple : "Tout se joue avant 3 ans", "les écrans modifient le cerveau" ou encore "A chacun son style d'apprentissage".
J'aime beaucoup le fait que ce soit très abordable pour le commun des mortels. Point besoin d'avoir des connaissances poussées en neurologie ou en pédagogie pour comprendre les explications.
J'apprécie également le fait que les auteurs s'appuient sur de nombreuses recherches récentes, les recontextualisent, les reformulent, de manière à les rendre accessibles et permettre à chacun de se faire un avis éclairé. Vraiment très instructif !