A l'occasion de la semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme, qui se tiendra du 21 au 28 mars 2022, nous avons sélectionné quelques grands classiques et petits nouveaux de la littérature de jeunesse pour aborder ces thèmes sensibles en classe.
En cycle 1
Petit pois Carotte (Gallimard Jeunesse)
Voici un livre pour les plus petits sorti en janvier 2020. Charlotte la Carotte et Jean-François le Petit-Pois sont très différents, mais cela ne les empêche pas d'être amis depuis toujours ! C'est l'album chouquinou de la sélection : une histoire toute simple sur le vivre ensemble.
Petit Bleu et Petit Jaune (L'école des loisirs)
Paru en 1970, ce grand classique ne se démode pas. Dès le cycle 1, il permet d'aborde les questions de l'amitié, de l'acceptation des différences et du métissage de manière très simple et très graphique. Petit-Bleu et Petit-Jaune ne sont pas de la même couleur mais sont amis quand même. Un jour, ils s'embrassent et deviennent verts. Leurs parents vont-ils les reconnaitre ?
Noirs et blancs (Gallimard Jeunesse)
Dans le monde, deux sortes d'éléphant vivent séparément : les éléphants blancs et les éléphants noirs. Ils se détestent tant pour cette unique différence qu'un jour, une guerre éclate. Elle dure si longtemps qu'il ne restent plus un seul éléphant sur la terre... sauf les quelques éléphants qui ne voulaient pas se battre et s'étaient enfuis. Un jour, leurs petits enfants sortent de la jungle et, oh surprise !, ils sont tous gris. La paix revient. Mais un jour, les éléphant aux petites oreilles et les éléphants aux grandes oreilles, se regardent de travers...
L'auteur de Elmer raconte ici aux tout petits l'histoire de toutes les guerres : les différences, pourtant bien moins nombreuses que les ressemblances, l'intolérance, la haine de l'autre...
Edmond et ses amis : la chose (Nathan)
Un curieux personnage se promène le long de la rivière... Il ne ressemble à aucun autre habitant de la forêt et parle un drôle de langage ! Edmond et George pensent tout de suite qu'il pourrait être dangereux et s'enfuient se cacher chez eux. Edmond a même la vilaine idée d'installer un panneau "Interdit à la Chose". La Chose, malgré sa bonne bouille et ses couleurs flashy, incarne ici la peur de l'inconnu et de la différence. Quant à George, il se déguise en monstre pour aller voir si la Chose est toujours là. Après qu'ils aient réussi à communiquer par signes, nos deux héros vont alors changer de point de vue... Une belle histoire de tolérance.
En cycle 2
Nina (Gallimard Jeunesse)
Cet album aux délicates illustrations fondues en noir et blanc s'inspire de la vie de Nina Simone. Pour endormir sa fille Lisa, la célèbre artiste américaine lui parle tour à tour des discriminations vécues dans sa jeunesse par rapport à sa couleur de peau (elle se sent bien seule dans le monde de la musique classique dominée par les Blancs), puis de son implication dans la défense des droits civiques des Noirs. Elle espère que le rêve de Martin Luther King continuera d'inspirer les générations futures et de porter l'espoir d'une société plus juste.
L'auteur établit un parallèle entre la musique et la façon dont Nina se sent jugée dans la société américaine de l'époque : sur le piano, les demi-touches noires sont coincées entre les touches blanches ; en musique il faut deux noires pour faire une blanche (comme le chantait Nougaro). Mais pour que la musique sonne (comme le chantait Goldman), il faut que les notes se mêlent, comme le précise Alice Brière-Hacquet.
Pour filer la métaphore, ce livre est un beau prélude à une séance d'enseignement moral et civique, ou comment les petites histoires construisent la Grande. Il est l'une des illustrations des mutations opérées dans la musique au cours du XXe siècle, représentatives du contexte politico-sociétal de cette période.
Petite précision pratique, les paroles et textes en anglais sont traduits en fin d'album.
L'oeuf du coq (Casterman)
Dans cette fable moderne, Hubert Ben Kemoun raconte l'histoire d'un vieux coq borgne, fraichement arrivé dans un zoo. Il prétend vouloir apprendre le "français pur" aux autres animaux. Tous les mots d'origine étrangère sont interdits. Les mots abricot (arabe) ou camarade (italien) sont proscrits. Puis, c'est au tour des animaux aux noms d'origine étrangère de se voir exclus : dehors les zèbres (portugais), de zébus (tibétain) ou de condors (espagnol). Finalement, notre coq se retrouve bien seul. Arrive alors un lion qui voudrait bien prendre son petit déjeuner...
Non content de faire découvrir aux enfants que la langue française est issue d'un métissage de nombreuses autres langues et cultures, cette petite histoire parle aussi de tolérance et du danger du nationalisme. A lire dès le CE1/CE2.
Côté coeur, Rascal (Pastel)
Anissa et François habitent à la Cité des Fleurs. La seule fleur de la Cité, c'est Anissa. Les seuls parfums de la Cité ce sont ceux que François et Anissa trouvent dans le dictionnaire : il y a les mots fleurs et les mots caca-de-chien. Les mots caca-de-chien, c'est pas trop leur truc. C'est plutôt celui du père de François :
" Mon père il aime pas les Bougnoules.
C'est comme ça qu'il appelle les émigrés.
J'aime pas ce mot dans sa bouche.
Il y a des mots qui sentent bon comme les fleurs et d'autres qui puent autant que le caca de chien."
Evidemment, François préfère les mots-fleurs, comme " Amour ". Mais là, François n'est pas forcément d'accord avec le gros dictionnaire. François et Anissa ont leur définition à eux du mot " Amour "...
La saison des bannis (Pastel)
Dans la grande forêt, une communauté de petits rongeurs vit en parfaite harmonie. Mais la nourriture vient à manquer. Peur et mauvaise humeur s’emparent des animaux. Le rat noir prend le pouvoir et cherche un coupable dans le groupe. C'est d'abord la musaraigne qui est vue comme la cause du malheur. On la chasse du groupe. La disette persiste, alors on trouve d'autres coupables : les mulots, puis les musaraignes. La communauté se trouve bientôt entièrement dispersée... La citation de Martin Luther King au début de l’album résume la teneur du texte : « Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous mourrons ensemble comme des idiots. ». L’album représente une bonne occasion d’amorcer une réflexion sur le racisme, mais aussi sur la solidarité et l’entraide aux cycles 2 et 3.
Max et Koffi sont copains (Calligram)
On ne présente plus Max et Lili. Dans cet épisode, ils abordent le thème du racisme et de l'amitié. Max défend son ami Koffi à la peau noire qui vient de se faire insulter. Une petite histoire pour parler du racisme, de nos peurs, des différences, des cultures et de l'amitié.
En cycle 3
Le grand livre contre le racisme (Rue du monde)
Ce documentaire s'adresse au 9-15 ans et fait le point sur de nombreux sujet liés au rapport à l'autre, au racisme et aux discriminations : biologie, immigration, exclavage, colonisation, xénophobie, holocauste, etc.. Outre une iconographie riche et variée, mélangeant dessins et photos, on y trouve des textes d’Albert Jacquard, Michel Piquemal, Suzie Morgenstern, Mouloud Aounit, Chérifa Benabdessadok, Laurent Canat, Alain Serres et bien d'autres... Un bon point de départ pour lancer des débats philo en classe de cycle 3.
Le petit garçon étoile (Casterman)
Cet album aborde le thème difficile de la Shoah, à travers les yeux d'un petit garçon juif. Il paraît qu'il est une étoile, et que les étoiles sont envoyées loin, dans des wagons sombres, et qu'elles y meurent... Pourquoi ? Et qu'arrive-t-il aux petits garçons-étoiles qui - comme lui - échappent à ce destin ?
Tout en métaphores, cet album mérite un accompagnement pour aider les élèves, à partir du cycle 3, à en saisir toutes les références et la signification.
La Bête curieuse (Sarbacane)
Né sur Terre, Paul vit désormais sur une autre planète avec ses parents (littéralement). Regardé comme une "bête curieuse", il regrette de plus en plus les paysages de son enfance. Un jour, Zoo-Ann, l'une des filles de son école qu'il pensait inaccessible, commence à lui parler. Ensemble, ils reviennent sur Terre quelques temps...
Le choix d'illustrations de synthèse peut plaire ou non, le texte de cet album n'en reste pas moins intéressant. Par le parti-pris du décor de science fiction, il parle avec intelligence des choix qui poussent une population à émigrer, de discrimination et de déracinement. La conclusion de l'histoire est porteuse d'espoir : de l'amitié forte et sincère des deux protagonistes, peuvent naître les plus beaux projets...
Discriminations - Inventaire pour ne plus se taire (De La Martinière)
Il s'agit là, comme son nom l'indique, d'un inventaire, d'une compilation de données (y compris chiffrées) sur les différentes formes de rejet des autres. Plus de 150 pages avec des angles d'attaque variés : racisme primaire, esclavage, crime contre l'humanité, discrimination à l'embauche...
Un sacré panorama sur les discriminations d'hier et d'aujourd'hui, à grande échelle ou près de nous, vis-à-vis des femmes, des minorités (religieuses, sexuelles...), des personnes handicapées...
Des grandes figures de l'histoire qui ont lutté contre toutes les formes de discriminations y sont présentées de manière intelligente.
A partir du cycle 3, ce livre est un support utile aux enseignants qui souhaitent trouver des données fiables pour traiter d'une ou plusieurs des discriminations en classe.
I Have a Dream (Casterman)
Cet album coloré a toute sa place dans la bibliothèque d'une classe de cycle 3.
52 portraits de figures noires qui ont marqué l'histoire par leur engagement, leur rêve ou leur lutte. Vous y trouverez des personnalités que vous connaissez déjà, comme Martin Luther King et Josephine Baker, qui illustrent la couverture, Nelson Mandela, Beyoncé... et d'autres moins célèbres comme Matthew Henson, le premier explorateur afro-américain de l'Arctique ou Mary Seacole, une infirmière jamaïcaine connue pour son engagement lors de la guerre de Crimée !
Une petite séquence couplant lecture et enseignement moral et civique vous permettra d'aborder les thèmes du racisme, de la liberté et de la ségrégation, qui n'est pas totalement abolie.
Cet album a un titre qui peut donner lieu à une petite séance d'histoire et d'anglais. Rappelez-vous qu'I have a dream est le nom donné au discours prononcé le 28 août 1963 par Martin Luther King devant le Lincoln Memorial de Washington.
Pour aller plus loin : Ressources d'Eduscol sur la Semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme.
Image d'en-tête par Capri23auto de Pixabay