Selon les textes officiels, l’enseignant doit consacrer environ 18h par an, sur ses 108h, à l’animation pédagogique et à des actions de formation continue. Cela englobe les temps de formation « en présentiel », et les temps de formation à distance sur des supports numériques (sur M@gistère). Malheureusement, ces temps prennent rarement en compte les formations  MOOC, qui sont pourtant une alternative de formation intéressante.

En général, les enseignants s’inscrivent pour des animations ou formations dans un plan proposé par leur Académie. Il s’agit parfois d’un choix par défaut, ne correspondant pas à leurs attentes du moment, ou pour combler une attente institutionnelle... Il est possible de choisir des formations plus personnalisées, hors plan, mais celles-ci sont rarement prises en charge financièrement.
Il reste alors la formation hors 108h (j’aurais aimé vous annoncer une bonne nouvelle, mais...non). La plupart d’entre vous fouilleront sur Internet ou dans les archives des écoles à la recherche d’outils, de compte-rendus de formation. Certains désirent une approche plus théorique sur un sujet qui leur tient à cœur ou qui sort des sentiers battus. Le livre est longtemps resté le seul moyen d’atteindre ces objectifs, en induisant encore une dépense personnelle. Et à moins d’organiser des cafés-livres pédagogiques chez vous, il permet peu l’échange et le travail de groupe.

Depuis quelques années, la formation par MOOC se développe. Pour ceux qui ne connaissent pas, MOOC est l’acronyme de Massive Open Online Course (Formation en Ligne Ouverte à Tous, en français). Il s’agit de cours mis en ligne gratuitement, dont le nombre de participants est illimité. Le MOOC est en général fractionné en cours, avec une sortie chaque semaine, ce qui incite à mieux s’y tenir : c’est moins décourageant que d’avoir toute la formation en bloc ou un gros pavé pédagogique à avaler ! Il permet l’échange entre participants, souvent par le biais de forums. Le MOOC ne reste pas indéfiniment en ligne, mais il reste cependant ouvert plusieurs semaines (ou mois) après la sortie des cours.
On peut trouver des MOOC dans tous les domaines, notamment dans celui de l’enseignement. Pas de grande originalité dans les thèmes, ils restent assez fédérateurs dans l’ensemble : MOOC sur l’attention, le numérique, Montessori...Mais cela permet de diversifier l’offre et d’atteindre un public plus large.


L’avantage du MOOC, c’est qu’il vous permet de vous former quand vous le souhaitez (dans la limite de publication de la formation) : à n’importe quel moment de la journée ou la semaine. Vous décidez de votre organisation : gros travail massé sur un après-midi, ou un peu toutes les semaines…Il n’y a pas de déplacement à prévoir.

Le plus difficile, c’est de se lancer et se motiver…Comme pour la lecture d’un livre pédagogique, on trouve toujours quelque chose de plus agréable/prioritaire à faire, il faut l’avouer. Mais si vous souhaitez réellement vous former sur un point sans avoir d’autres possibilités, vous pourrez vous y tenir : au final, on dépasse rarement 2h de formation par semaine. Vous regarderez le dernier épisode de Game of Thrones le lendemain (mais si, vous pouvez y arriver).

Histoire d’illustrer un peu cet article, j’ai décidé de m’inscrire à un MOOC proposé en ce moment par le réseau Canopé, intitulé « L’attention, ça s’apprend » (ouvert depuis le 5 mars 2019). Les inscriptions sont encore ouvertes jusqu’au 8 avril, alors si vous êtes tentés…C'est ici.


Le MOOC est proposé en collaboration avec le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, sous la direction de Jean-Philippe Lachaux (auteur de Le cerveau attentif, Le cerveau funambule, …). Ce neuroscientifique est à l’origine du programme ATOLE (l’ATtention à l’écOLE) qui aide les enfants à réguler leur attention.

A l’instant où j’écris, j’ai suivi les deux premières semaines de cours, et je suis agréablement surprise. Je viens de voir la partie sur le circuit de récompense, et à la base, le mien m’orientait davantage vers Netflix que vers un MOOC…Mais j’ai choisi d’écarter cette distraction pour me lancer.
Je trouve qu’un effort a été fait pour varier les modalités du cours et répondre à différents profils. Par exemple, il était prévu au départ d’avoir le cours en vidéo, mais suivant les demandes des participants, des transcriptions de ces vidéos ont été rajoutées. On apprécie le geste.
Jusqu’ici, les modalités du cours se font par :

  • Vidéos
  • Explications textuelles et métaphores (la poutre)
  • Schémas et cartes mentales à compléter. Jean-Philippe Lachaux développe chaque semaine une carte mentale. Nous sommes aussi incités à construire notre propre carte mentale et à la partager si on le souhaite.
  • Forum : à chaque cours, une page de discussion est prévue.
  • Prise de notes : pour construire son cours, ou pour noter ses représentations.
  • Expériences en lien avec l’environnement (porter attention à un bruit, lire des mots dans un temps donné…).
  • Nombreux liens vers des sites Internet, des livres, des conférences…

Au final, je n’ai pas l’impression de lire un simple cours, ni d’être seule à suivre la formation. Je suis épatée par la diversité des profils (voir la page de présentation des participants) : des enseignants de la maternelle à la faculté, en classe ordinaire ou spécialisés, des parents, des managers, des personnes du milieu médical, ou simplement des personnes qui souhaitent apprendre à mieux contrôler leur attention… Et ça marche ! Depuis que je suis le cours, je discerne beaucoup plus les petites distractions autour de moi pour me recentrer. Je ne dis pas que j’y arrive toujours (il y a toujours un café ou un pain au chocolat qui me fait de l’œil pas loin), mais au moins, j’identifie très bien le problème !

Même si les modalités changent, le cours est bien structuré, toujours sur le même plan : je découvre, je m’exerce, j’échange, je souhaite aller plus loin. J’ai suivi une formation d’enseignante spécialisée, donc je ne partais pas de rien…mais je trouve le cours très clair et imagé et cela me permet de synthétiser certaines connaissances que j’avais déjà. Pour ceux qui débutent dans le domaine, c'est plutôt accessible (même s’il faut aimer lire, être curieux, avoir quelques notions scientifiques…). Jean-Philippe Lachaux utilise la métaphore de la poutre pour symboliser ce qu’est l’attention, et c’est particulièrement réussi. On devrait tous l’utiliser en classe tellement elle est parlante pour les enfants (et les plus grands), on se demande même comment on n’y avait pas pensé plus tôt !

Si je devais mettre quelques bémols à cette formation, c’est sur le mode de communication par forum. Je trouve que cette façon de communiquer devient un peu désuète, et personnellement je ne m’y retrouve pas : difficile d’avoir quelque chose de cadré avec ce type de discussion. Je préfère aller voir les réactions de certains participants sur les réseaux sociaux !
La partie évaluation n’est pas très poussée. Il y a quelques questions, assez basiques. Je ne trouve pas qu’elle montre si on a su réutiliser les apprentissages. Cependant, on est au début du MOOC. Peut-être qu’on proposera des essais pratiques en classe ou dans la vie de tous les jours plus tard.

Je vous livre donc ici, pour l’instant, un retour sur expérience assez positif. Je reste à l’essentiel, n’ayant pas de classe pour tester avec des élèves. Mais il y a moyen de creuser fortement la question si besoin.

Pour finir, je vous laisse à mon tour un lien vers une petite vidéo assez marrante (succès garanti en classe), qui illustre bien ce qu’est l’attention sélective (en anglais)