La société assigne aux personnes des rôles dont il est difficile de s'extraire. Pour les filles, cela peut engendrer de la souffrance et les réactions de l'entourage ne sont pas souvent d'une grande aide. Ce livre, qui relate des récits vécus par des filles de 11 à 15 ans, présente un à un des cas de figure puis propose des pistes d'action pour apaiser la souffrance, améliorer la situation ou résoudre le problème...

Ce livre s'adresse aux filles. A celles qui ont des problèmes de discrimination. A celles qui veulent comprendre ce que signifie le sexisme sous différentes formes et comment l'affronter. Ce livre peut faire l'effet d'un coup de poing si l'on se sent concernée.
Ce livre s'adresse aux garçons. A ceux qui se posent des questions sur le sexisme. A ceux qui voudraient comprendre ce sujet pour mieux réagir quand ça leur tombe dessus. Ce livre est un outil qui va leur permettre de réfléchir.

Ce livre s'adresse aussi aux enseignant·e·s. Des situations de sexisme ordinaire atteignent malheureusement nos élèves, sur la cour, au moment du repas et même en classe. Savoir reconnaitre ces situations, identifier les mots, expressions et attitudes peut nous permettre de mieux réagir et aussi d'éviter nos propres réactions aggravantes. En tant qu'éducatrices et éducateurs, nous sommes là pour accompagner les jeunes qui souffrent de comportements sexistes à leur égard. Nous avons également un rôle à jouer dans le combat contre les aspects banals et quotidiens du sexisme que nous constatons chez les enfants, afin de changer l'ordre des choses et faire évoluer les comportements des garçons et des filles vers un plus grand respect.

L'autrice

Emmanuelle Piquet est une thérapeute qui a modélisé une manière d’apaiser de manière durable les souffrances des élèves en milieu scolaire.  Spécialiste de l’École de Palo Alto au sujet de laquelle elle a publié plusieurs livres, elle a réalisé des travaux en matière de lutte contre le harcèlement en  milieu scolaire.

Un sujet, des sujets

Ce documentaire fait le pari des mots : c'est par la parole et sa diffusion que l’égalité hommes-femmes pourra progresser.

Le chapitre "Trop belle ou pas assez" aborde des aspects du sexisme liés à l'apparence physique. Maria se trouve trop grosse. Lison refuse de se laisser pousser les cheveux. Lou est victime de misogynie. Des filles témoignent sur le harcèlement de rue.

Le chapitre "Ton corps n'est pas qu'à toi" présente le sexisme sous l'angle des agressions et violences physiques. Salomé reçoit des baisers forcés. Camille est harcelée et traitée de salope. Elsa est victime d'un viol.

Le chapitre "T'es vraiment qu'une fille" expose des situations qui font souffrir des filles juste parce qu'elles sont des filles ; si, même si c'est peu probable, ces situations avaient concerné des garçons, des adultes seraient intervenus. Hortense est étiquetée "faiseuse d'histoires". On dit de Clémence qu'elle est gentille et doit se taire. Samia affronte le sexisme d'une équipe sportive de garçons qui lui refuse le droit d'être douée.

La stratégie du 180 degrés

Comme dans certaines situations, on peut s'embourber et ne plus savoir comment s'en sortir, empêtré·e·s dans des pensées stériles et épuisantes, l'autrice propose de prendre un virage à 180° pour apaiser la souffrance vécue. Cette stratégie repose sur des techniques qu'elle explicite et illustre pour les différents cas présentés, que ce soit dans la réaction aux autres mais aussi dans celle vis-à-vis de soi-même.

Parce que souvent, lorsqu'on est en souffrance au sein d'une relation, on essaie par tous les moyens d'éviter cette relation. On se recroqueville, on évite de regarder ceux qui nous font du mal, on essaie d'être le plus transparent possible.
Mais le fait même de tenter de se rendre invisible envoie à ceux qui font du mal le signal qu'ils sont les plus forts, que ce sont eux qui décident. Cela les incite à continuer. Maria, elle, a cessé complètement de se recroqueviller à partir du moment où elle a su riposter : ce subtil changement de posture, qui l'a fait regarder ceux qu'elle craignait droit dans les yeux, a envoyé un signal tout à fait différent, qui a découragé ses agresseurs.

Se battre

Une part importante du problème réside dans le fait que filles et garçons ne sont pas socialisés de la même façon. Cette distinction est intégrée dès le plus jeune âge et la société tout entière contribue à façonner les enfants en conformité avec des stéréotypes.
Pour que les comportements évoluent, il est donc nécessaire d'en parler, de réagir aux propos et actes sexistes et de se former pour être plus performant·e dans l'exercice de notre profession.

L’égalité entre les filles et les garçons est un principe fondamental inscrit dans le code de l'éducation et constitue un axe fondamental du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. CANOPE propose par exemple des outils pour travailler certaines notions. Plus concrètement, vous trouverez sur Edupreps des séquences sur ce sujet, comme celle-ci.

Mais surtout, battons-nous contre les clichés, contre les stéréotypes, contre les préjugés.  
Bannissons de notre langage les expressions à destination des filles du genre "ce qui t'arrive n'est pas si grave" ou "c'est un truc de filles".
Eliminons aussi les propos qui refusent aux garçons l'expression de leurs sentiments en opposant régulièrement le terme "filles" à celui de "garçons".
Arrêtons de dire que "ça a toujours été comme ça" et "qu'on n'y peut rien".
En commençant par là, nos élèves grandiront dans un environnement plus égalitaire et développeront leur sens de l'égalité.

Aller plus loin ou faire un pas de côté

Le livre d'un doctorant

Dylan Racana a publié "Inégalités filles-garçons à l’école maternelle. Discours, représentations et interactions en classe des professeur·es des écoles" aux Éditions L’Harmattan. Il constate que dès la maternelle, les enseignant·e·s, de manière consciente ou non, sont impliqués dans une socialisation distincte selon le sexe. L'analyse des pratiques et des représentations de chacun·e est nécessaire ; la formation des enseignant·e·s est à penser pour faire la chasse aux pratiques inégalitaires.

Des vidéos

Petite sélection d'albums

Des films et séries

Des BD féministes pour adultes

L'autrice suédoise Liv Strömquist croque le monde dans ses BD. Impitoyable ! Elle pose un regard perçant sur les tares de notre société et appuie là où ça fait mal.

Les auteurs Juliette Boutant et Thomas Mathieu proposent des témoignages de femmes victimes de harcèlement de rue, de machisme et de sexisme.  Les personnages féminins sont en noir et blanc de manière réaliste ; les hommes sont des crocodiles verts. Souvent glaçant.

Le projet Crocodiles compile des planches sur un site Tumblr très riche.