Les moyens mnémotechniques (1)

Mais où est donc Ornicar ?
Une grande majorité d'entre vous aura reconnu un moyen mnémotechnique pour retenir la liste des conjonctions de coordination en français. On utilise des moyens mnémotechniques à tout âge de la vie, tout le temps. Ces astuces pour mémoriser des notions paraissent toutes simples, mais donnent un aperçu de l'incroyable plasticité cérébrale de notre cerveau !

Que désigne précisément le terme "moyen mnémotechnique" ?

Le terme mnémotechnique est construit à partir du grec mnêmê qui signifie "mémoire", et technique, pour l'art d'utiliser cette mémoire. Le terme pourrait donc recouvrir un domaine très large, mais on l'utilise usuellement pour désigner les procédés d'association mentale aidant à la mémoire. Ces moyens mnémotechniques sont créés et imaginés par les humains : on parle d'associations artificielles. Certaines sont très connues et parlent à des générations entières ; d'autres vous sont propres et n'aideront que vous, parce qu'elles sont basés sur votre propre expérience et manière de travailler.

Quelles sont les différentes associations utilisées dans le moyen mnémotechnique ?

On pourrait classer les moyens mnémotechniques selon les catégories suivantes :

  • les associations lexicales : associer les notions à retenir à une nouvelle information composée d'un ou plusieurs mots. On fait ensuite un lien, une analogie entre ce(s) mot(s) et l’information à mémoriser.
  • les associations auditives : associer les notions à retenir à une information phonétiquement proche.
  • les associations imagées : associer la notion à retenir à une représentation visuelle.
  • les associations corporelles : associer la notion à retenir à une représentation corporelle.

...sachant que certains moyens mnémotechniques cumulent différentes associations.

Les associations lexicales

C'est une méthode basée sur la catégorisation, la concaténation : elle est efficace lorsqu'on a une liste de notions à mémoriser. On mémorise un mot, une phrase, un texte... qu'on associe mentalement aux notions à retenir. Cet élément mémorisé nous donnera des indices pour retranscrire l'ensemble des notions.

Les moyens mnémotechniques basées sur des associations auditives

Le langage aide à structurer la pensée, il est indissociable de la mémorisation.
Par exemple, si vous regardez une image, vous la décrirez inconsciemment avec votre voix intérieure pour mieux l'assimiler.
Quand vous voulez retenir une information sur un court laps de temps, ou un peu plus longtemps, vous aurez tendance à l'énoncer à voix haute (la subvocalisation) ou à la répéter (la "boucle articulatoire").
En effet, le cerveau retient bien les phrases rythmées, scandées, ou les sons qui se répètent (allitération, assonances, rimes...). On aura alors tendance à mettre en valeur les similarités en appuyant sur leur prononciation en les accentuant, les ralentissant, les chantant... C'est la versification des concepts à apprendre.
Le chant et la poésie peuvent aussi donner des repères lorsqu'on a beaucoup de choses à retenir.

C'est ce qui explique pourquoi énormément de moyens mnémotechniques se basent sur des formulettes, ou pourquoi il est beaucoup plus facile d'apprendre l'alphabet en chantant plutôt qu'en le récitant.

Les moyens mnémotechniques basés sur des associations visuelles

On a vu plus haut que lorsqu'on voit une image, on a tendance à la décrire intérieurement. Une image est donc plus parlante que la parole seule. On pourrait dire que voir la représentation imagée d'une notion, en plus de sa verbalisation, "en remet une couche". On peut aussi se la représenter mentalement assez rapidement.

Les moyens mnémotechniques visuels se basent majoritairement sur des images-clé qui donnent des indices de récupération :

  • On peut imaginer une représentation mentale imagée de la notion à retenir, comme si on créait une histoire. Par exemple, on dessine "les lunettes" pour ne pas oublier les deux parties de la négation, ou ou tranforme l'accent circonflexe de "tête" pour en faire un chapeau.
  • On peut associer des codes (lettres, signes, chiffres) à une représentation imagée. C'est une méthode très utilisée à l'école, quand on associe la lettre b à une botte et le d à une dame. Ou encore, on retient la signification des signes < ou > en imaginant qu'il s'agit de la bouche du crocodile : "le crocodile mange la plus grosse bête".
  • Ils peuvent également être un résumé visuel des notions, comme lorsqu'on fait une schéma, ou une carte mentale.

Enfin, les moyens mnémotechniques visuels peuvent aussi être liés au mouvement du corps. La méthode des loci, ou "palais mental", permet de mémoriser un grand nombre d'informations en les associant à un lieu familier, par exemple les pièces de sa maison.

Les moyens mnémotechniques basés sur des associations corporelles

Tout comme il existe des mots, des phrases, des textes ou des images-clé, il existe des gestes-clés. De la même manière, on associe un geste aux notions à retenir. Quelques exemples-type  :

  • Lorsque vous fermez vos poings et observez les bosses et les creux pour savoir si un jour comporte 30 ou 31 jours.
  • Lorsque vous faites un arc de cercle avec vos mains pour savoir s'il s'agit de la gauche ou de la droite (on peut imaginer un G ou un D par rapport à la position de la main).
  • Vous retenez la table de neuf à l'aide de vos doigts.
  • une chorégraphie peut vous aider à mémoriser du vocabulaire anglais : Head, shoulders, knees and toes.
  • La méthode du chien pour l'écriture : les gestes principaux d'écriture sont regroupés dans le dessin d'un chien. En remémorant à l'élève quelle partie du chien il doit utiliser pour écrire une lettre, on lui donne des repères pour mieux gérer le geste graphique.

Les moyens mnémotechniques corporels sont souvent intimement liés aux autres moyens mnémotechniques (visuels, auditifs...), on passe alors dans la sphère du kinesthésique (perception des déplacements des différentes parties du corps). Vous liez une notion à retenir à une scène vécue : vous vous revoyez apprendre cette notion, ou vous associez une scène vécue à la notion à retenir. Par exemple, vous vous souvenez que les attentats du 11 septembre ont eu lieu un mardi, parce que c'était la journée où vous alliez à la bibliothèque. Ou encore, vous pouvez dater un évènement par rapport aux films que vous alliez voir, ou à la musique que vous écoutiez à ce moment-là.
Dans ce cas, banco ! L'alliance du kinesthésique et de l'histoire personnelle ancrera très certainement la notion dans votre mémoire à long terme.

Dans un prochain article, nous parlerons de l'efficacité des moyens mnémotechniques : pourquoi ça fonctionne parfois très bien...ou pas du tout !