Oser le sketchnoting

Le sketchnoting est une technique de prise de notes qui exploite des outils visuels variés. C'est une méthode qui s'inscrit à la croisée des univers de la pensée visuelle et de la facilitation graphique. Un proverbe attribué à Confucius dit "une image vaut mille mots" et c'est l'objet du sketchnoting : la synthèse par l'image de mots et d'idées.

Sketchnoting, sketchnote, note visuelle en français - voire croquinote ! - désignent le même chose. Si vous utilisez le dernier terme, vous risquez cependant de passer pour un has been.

L'idée forte du sketchnoting est d'organiser les éléments d'une notion d'une manière graphique, un peu comme la carte mentale (voir article sur ce sujet) mais sans la forme en rayonnement et en insistant sur les illustrations, sans forcément se limiter sur la quantité de texte.

Photo de Luigi Mengato

Une sketchnote est subjective ; elle exige un esprit de synthèse et surtout de la créativité. Il n'y a pas de cadre réel, pas de limite, si ce n'est celles que vous vous donnez, comme un bord de feuille par exemple. En ce sens, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de "sketchnoter" puisque chacun va développer la mise en forme qui lui convient, qui lui permet d'obtenir un visuel efficace, un résultat qui va l'aider à mémoriser l'exposé, le cours, la formation, la présentation qu'il suit.
Pour la plupart d'entre nous, la mémoire visuelle est importante : notre présentation dessinée aura des effets bénéfiques lors de la relecture : les idées seront ravivées plus rapidement et plus efficacement.

Le sketchnoting est donc un outil personnel de facilitation graphique qui simplifie la compréhension et la mémorisation. La relecture est plus facile et agréable.

Mondes parallèles

Dans le domaine de la pensée visuelle, vous croiserez des termes proches, que toutes les personnes n'utilisent pas de la même manière. Les frontières sont floues et "sketchnoting" n'est qu'une des pratiques. Cette courte vidéo de Romain Couturier défriche le sujet.

J'ai choisi de vous présenter trois pratiques qui relèvent d'un sens proche mais distinct du sketchnoting.

Le scribing

Une variante du sketchnoting porte le nom de scribing ou graphic recording. Il s'agit de la prise de notes en temps réel d’un échange entre plusieurs personnes par un scribe. Cette approche a pour objectif de faciliter l’échange puisque les participants voient le scribe - qu'on nomme alors facilitateur graphique - mettre en forme les idées sur un tableau, un paper-board. Les personnes ont alors à disposition des éléments "support" de leur discours.
C'est souvent impressionnant. Voir un exemple :

Le parler dessiner

Ce terme correspond à deux situations :
- lorsqu'un enseignant/formateur réalise devant ses élèves sur un tableau ou une feuille géante (paperboard par exemple) la synthèse visuelle du cours qu'il assure en direct
- lorsqu'un orateur présente sous forme dessinée son discours.
Le parler dessiner exige une aisance en public et implique une préparation approfondie.

Le Doodling

Qui n'a jamais dessiné de bonhomme, tracé d'arabesque, de machintruc... dans la marge d'un cahier ou sur le bord d'une feuille de bloc-notes ? On parle de doodling ou gribouillage lorsque l'on crayonne ou gribouille pendant une réflexion, un cours, une réunion...  Quel intérêt ? Le tracé quasi mécanique de ces petits dessins renforce la concentration et ancre dans le présent. Si vous faites du lien entre le message reçu et vos coups de crayon, ce n'est plus réellement des gribouillis. On entend donc le terme doodling remplacer sketchnoting parfois.

En pratique

Bon, on ne va pas se le cacher, il faut se jeter à l'eau et essayer soi-même. Allez, on tourne sa feuille, mode paysage, et c'est parti !
Dans la boîte à outils de base, je vous conseille d'utiliser pour commencer :

  • une hiérarchie des tailles de titres, sous-titres, textes
  • des cadres de formes variées
  • des flèches pour lier des éléments entre eux
  • un minimum de couleur
  • des mots-clés ou expressions à retenir.

Si comme moi, vous vous pensez nuls en dessin, n'ayez crainte. Les formes de base, comme les patates, les rectangles à main levée, les flèches et les bulles sont à la portée de tous. Vous allez ensuite oser faire des bonhommes, des bannières, des pictogrammes simples, pourquoi pas en copiant des modèles au départ. Bien sûr vous serez tentés d'oser des objets, des ombres, un peu de 3D... Ce n'est qu'en essayant que vous allez vous familiariser avec le sujet.
Dans un autre temps, en route pour le web où vous dénicherez des banques de pictogrammes, de dessins, de typographies (caractères de police), des puces...

Image : Anne-Cécile Calléjon

Des principes ?

Si on devait retenir des règles, cela pourrait être celles-ci :

  • Placer un titre qui sera mis en évidence avec de la couleur ou certains effets visuels.
  • Exprimer les idées de manière synthétique : mots-clés, expressions allant droit au but, icônes...
  • Comme on se souvient mieux de ce qui nous a marqués et de ce qui a fait appel à notre ressenti, utiliser des dessins qui ont du sens pour nous ; une fleur si l'on aime les fleurs, un hamburger ou un bonbon si l'on est gourmand.
  • Au bout de quelques réalisations, partir sur une forme imagée de présentation (chemin, escalier, paysage...) avec un point de départ et un objectif.

Au fond, peu importent les éléments, il faut viser l'efficacité. Le but du jeu, c'est la mémorisation.

Ce webinar de Roberta Faulhaber, intitulé "La métaphore du corps dans la facilitation visuelle" vous donne quelques clés pour "personnaliser" votre prise de notes.

Des ressources

Image par Finn Petersen de Pixabay

Vous aurez sans doute besoin de vous entraîner au dessin. Alors quoi de mieux qu'en faire un par jour (au moins ;-) ?
Voici donc quelques pistes pour vous inspirer :

Aller plus loin dans votre pratique :

  • En dessinant de manière guidée sur le blog de Max Royo.
  • En testant des présentations.
Image par Anne-Cécile Calléjon

Des outils en ligne

Vous vous sentez l'âme d'un(e) dessinateur(trice) en ligne ? Allez jeter un coup d’œil sur ces outils en ligne :

Se former

Avec des livres :

  • Sketchnote Time de Béatrice Lhuillier (éditions Chêne).
  • Travailler avec le sketchnoting : Comment gagner en efficacité et en sérénité grâce à la pensée visuelle de Philippe Boukobza, Isabelle Pailleau et Audrey Akoun (éditions Eyrolles 2017).

Avec des cours en ligne :


Sources :


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