Depuis quelques mois, un nouveau sigle (M.H.M) tourne sur les réseaux sociaux au rayon « pédagogie ». Comme beaucoup d’autres enseignants au vu de la « communauté » grandissante, j’ai eu envie d’en apprendre un peu plus sur cette méthode de mathématiques créée par Nicolas Pinel. Et ça donne envie…
Au premier abord, le nom choisi pour cette méthode : « heuristique » pourrait faire fuir n’importe quel enseignant allergique aux termes pédagogiques alambiqués et sibyllins. Maintenant que vous venez d’assimiler trois mots compliqués en une phrase, vous êtes prêts à recevoir la définition du mot « heuristique » : qui sert à la découverte. Vous pouvez vous détendre. Si la méthode heuristique de mathématiques est une méthode qui sert à découvrir les mathématiques, alors elle porte bien son nom.
Je vous conseille dans un premier temps de visionner la vidéo que poste Nicolas Pinel sur le site officiel de la méthode avant de vous pencher sur le guide (seul élément payant mais nécessaire). Vous y trouverez les grandes lignes de la méthode expliquées clairement et modestement. En effet, l’auteur ne prétend pas que la M.H.M est une « recette miracle », ni qu’elle est une révolution, et c’est vrai : dans le fond, on trouve peu de nouveautés, mais beaucoup d’emprunts à d’autres pédagogies ou méthodes (Montessori, Freinet, Ermel…) ; le matériel existant est celui que l’on trouve dans la plupart des classes ; la méthode suit les programmes officiels. Mais alors, qu’a-t-elle de plus ?
Elle pourrait être une sorte de fourre-tout au niveau des pédagogies, des outils, des supports… mais ce n’est pas l’impression qu’elle donne. D’une part parce que l’auteur fait la synthèse de ces courants en les adaptant à l’enseignement d’aujourd’hui, autour de 5 piliers :
Mais surtout, parce qu’il réussit à proposer une méthode basée sur la découverte, la manipulation, la recherche tout en lui donnant un cadre, une organisation rigoureuse et cohérente. Ça paraît simple sur le papier, mais qui a déjà essayé de manipuler (VRAIMENT manipuler !) en situation de recherche (une VRAIE recherche) avec un triple-niveau comprendra qu’on ne peut pas poser les bases d’une telle méthode entre 20h34 et 21h46 un jeudi soir.
Premièrement, un gros travail de recherche scientifique, pédagogique et didactique a été fait, et N. Pinel insiste sur le fait de suivre scrupuleusement la méthode pour qu’elle soit efficace, sans essayer de l’adapter à son goût. Basée sur le principe d’éducabilité, elle est organisée en modules et sort des schémas traditionnels d’enseignement. Au lieu de répartir l’enseignement des sous-domaines mathématiques par jour ou d’accorder plus d’importance horaire à un sous-domaine (ex : nombres et calculs), tous les sous-domaines mathématiques ont une importance égale. Cela peut éviter à des enseignantes en complément de service sur une journée de toujours travailler la géométrie, par exemple…;) Les apprentissages se font de manière cyclique : on n’aborde pas successivement les notions, attendant d’en maîtriser une pour passer à l’autre. Au contraire, on aborde un ensemble de notions diverses, puis on y revient plus tard, pour réactiver ce qui a déjà été vu.
Vous êtes également guidés au niveau des modules : ils sont toujours organisés de la même façon pour mettre en place des automatismes du côté des élèves et gagner du temps du côté enseignant. Vous découvrirez un des principaux intérêts de la méthode, pensée et conseillée pour fonctionner par cycle : des séances découpées en plusieurs colonnes, avec des propositions concrètes (matériel, déroulé…) pour travailler les maths sereinement avec un double-niveau !
Ensuite, on trouve sur le site officiel et dans le guide une mine d’outils : en plus de réutiliser le matériel « basique » des écoles, ou du matériel facile à rassembler (grains de riz, Legos), le site propose des bases de jeux prêts à fabriquer. Vous pouvez faire le choix de les créer petit à petit au cours de l’année, ou de tout préparer en début d’année pour être libérés de cette charge plus tard. (note : c’est le moment de monter votre mini-entreprise de plastification-découpage-assemblage avec un conjoint, des enfants, des amis ou des parents. Faites marcher vos relations). Les manipulations conseillées servent une compréhension profonde des mathématiques, entraînent une recherche et un investissement réel des élèves. Ils sont impliqués dans leurs apprentissages et on recherche une vraie transparence pédagogique : on prend le temps de faire le bilan avec eux pour voir ce qui a été appris, quelles utilisations concrètes on peut en faire. Ils sont incités à s’auto-évaluer à l’aide d’un tableau des apprentissages (les évaluations sont déjà proposées).
Enfin, même si la méthode est prévue au mieux pour faciliter la préparation et l’organisation de votre enseignement en maths, on rappelle qu’elle vous demandera un investissement permanent : de la rigueur, une bonne capacité à analyser les travaux de vos élèves, à observer leurs stratégies, à les faire verbaliser, à créer des interactions… Il vous reste quand même un peu de travail.
La M.H.M est donc une méthode qui combine le ludique avec l’exigence, mais qui n’a été présentée ici que dans ses grandes lignes... Ici à Edumoov, on est impatients d’avoir les retours de ceux qui l’ont mise en place !
Site officiel de la M.H.M : https://methodeheuristique.com/