Les situations de harcèlement à l'école ont longtemps été minimisées, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Difficile d'ignorer maintenant les cas de harcèlement qui empêchent des enfants et adolescents de mener paisiblement leur vie ou mènent à des drames. Les choses bougent : depuis septembre 2023, tous les établissements du primaire au lycée sont tenus de s'engager dans le projet pHARe, pour prévenir et lutter contre le harcèlement scolaire. Mais savons-nous vraiment ce qu'est le harcèlement scolaire, quelles sont ses causes ? Et surtout, comment le prévenir et lutter contre dès le plus jeune âge ? Avec quels mots et quels supports pédagogiques ?
Le harcèlement scolaire, c'est quoi ?
Sur le site « Non au harcèlement » de l’Education Nationale, le harcèlement scolaire est défini comme une "violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique", de la part "d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre".
Selon Emmanuelle Piquet, auteur de Le harcèlement scolaire en 100 questions, il s’agit « d’une escalade complémentaire entre un enfant ou un groupe d’enfants, d’une part, et un autre enfant, d’autre part ». Autrement dit, d’un côté des harceleurs qui prennent de plus en plus de pouvoir dans la relation, de l’autre un harcelé qui en aurait de moins en moins, « souffrant de cette escalade, et pouvant en garder des séquelles psychologiques à terme. »
Il est difficile d’évaluer le nombre d’enfants souffrant de harcèlement scolaire en France, les résultats différant selon les années ou les enquêtes : de 5,6% à 22% d'élèves concernés selon les sources. De plus, un certain nombre d’enfants peut cacher son harcèlement par peur ou par honte. On estime cependant qu'entre 700 000 et 800 000 élèves (de l'école primaire au lycée) en seraient victimes en France : environ 12% des écoliers, 6% des collégiens et 4% des lycéens.
Quelles sont les causes du harcèlement ?
Oublier certaines idées reçues
Les causes du harcèlement scolaire sont plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord.
Une des idées reçues est qu’un enfant se fait harceler à cause de sa différence. Il est moqué parce qu’il a une particularité physique, une façon de s’exprimer atypique, un handicap, des centres d’intérêts particuliers... C’est en partie vrai, et ce peut être le point de départ d’un harcèlement. Cependant, si on cherche une différence entre deux enfants, on en trouvera toujours une sur laquelle appuyer… dans ce cas, pourquoi tous les enfants ne sont-ils pas concernés par le harcèlement ? Pourquoi un ado avec de l’acné pourra t-il se moquer d’un autre ado acnéique, sans que cela ne lui retombe dessus ? Comment expliquer qu’un enfant qu’on pourrait qualifier de « normal » (mais qu’est-ce que la normalité me direz-vous…) se fasse harceler ?
Une autre idée reçue à propos de l'enfant harcelé, ce serait sa propension à se poser lui-même en position victimaire pour qu’on s’intéresse à lui. Il chercherait une sorte de reconnaissance par ce biais. Selon Marie Quartier (ancienne enseignante et maintenant psychothérapeute), ce type de comportement peut se produire chez des enfants qui sont très protégés par les adultes, qui sont fortement écoutés quand ils établissent une relation basée sur la victimisation. Ce sont des enfants qui peuvent être harcelés… ou pas.
Cependant, beaucoup d’enfants n’exagèrent pas cette posture victimaire, mais sont tout bonnement réellement victimes de brimades répétées ! L’une des réactions des adultes peut être de minimiser ces attaques, de nier la situation, non pas par indifférence, mais parce que ceux-ci (côté parents ou enseignants) ne savent pas comment gérer cette situation.
Enfin, un dernier à priori concerne les auteurs de harcèlement scolaire eux-mêmes : il peut être facile de mettre en cause l’éducation reçue. Parfois les harceleurs sont décrits comme des brutes faisant preuve de cruauté gratuite. Hélène Romano, psychologue, ne nie pas l’existence de ce type de harceleur privé de sens moral. Il est cependant très minoritaire dans les cours d’école. Une grande majorité des harceleurs sont en fait ce qu’elle désigne comme « des moutons de Panurge », qui, par peur d’être rejetés eux-même, suivent le groupe. Ceux-ci peuvent tout à fait prendre conscience qu’ils ont pu blesser et s’arrêter. Il existe également un troisième type de harceleur, les « harceleurs harcelés », des enfants qui ont pu être blessés à un moment donné et se vengent.
Mais dans ce cas, peut-on définir un profil type du harcelé ou du harceleur ? Y a t-il une raison au harcèlement ou celui-ci est-il tout à fait aléatoire ?
Comprendre la mécanique du harcèlement
Les recherches d’Emmanuelle Piquet (Psychopraticienne représentante de l’école de Palo Alto) sur ce sujet nous semblent tout à fait pertinentes. Dans son livre, elle explique qu’il n’existe pas forcément de profil type du harcelé, mais ce sont ses réactions à l’agression qui peuvent entraîner le harcèlement. En effet, l’enfant harcelé a des difficultés à se défendre face à une attaque verbale ou physique. Soit il ne riposte pas, ou peu, à l’agression, autorisant ainsi tacitement le harceleur à continuer, soit il réagit de façon excessive (explosion de colère, pleurs…). Dans ce cas, le « spectacle » qu’il offre au public présent incite également le harceleur à pousser de plus en plus loin ses attaques. Pour cela, le harceleur repère une vulnérabilité sur laquelle il appuie constamment (ce qui explique qu’on associe souvent le harcèlement à un rejet de la différence) et qui font souffrir l’enfant harcelé. Les raisons qui empêchent cet enfant de riposter efficacement peuvent être nombreuses : timidité, sens moral accru, peur, sentiment d’injustice trop fort...
Du côté des harceleurs, on a vu que ces enfants n’étaient pas privés d’une conscience morale. Mais alors, si on explique aux auteurs des faits que leurs gestes ou paroles peuvent blesser, pourquoi reste t-il si difficile de stopper le harcèlement ?
Emmanuelle Piquet met en avant un facteur qui a une importance énorme dans les situations de harcèlement, et que l’on a tendance à oublier à l'âge adulte : la notion de popularité. Très présente au collège, la prise en compte de la popularité commence dès le primaire dans les classes de CM, et parfois plus tôt... si on tient compte de l’importance d’être invité aux fêtes d’anniversaire.
L’isolement ou le rejet est une des principales causes d’angoisse chez les enfants et adolescents. Il est mal vu d’être seul tandis qu’il est valorisé d’être aimé de ses pairs et d’interagir avec eux. Certains élèves ont un charisme naturel (E. Piquet les surnomme les populaires de type « Lady Di ») et conservent leur popularité quoi qu’il arrive, ils peuvent se permettre de défendre un enfant vulnérable sans avoir à en subir les conséquences. D’autres doivent lutter perpétuellement pour rester du côté des meneurs, ce sont les populaires de type « Nelly Olson ». Ces élèves peuvent en humilier d’autres pour avoir un sentiment de puissance et être mis en valeur, rivalisant d’imagination pour ne pas perdre leur statut. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir des enfants s’accrocher à un groupe d’élèves populaires quitte à être victimes de brimades, plutôt que de quitter ce groupe et être isolés.
Ainsi, même si la plupart des élèves auteurs de faits de harcèlement savent que ce qu’ils font est mal, le syndrome de popularité prend le pas sur l’empathie qu’ils pourraient avoir pour leur victime. Plus on avance dans l’adolescence, plus cette notion de popularité prend d’importance, au détriment de la compassion.
Par conséquent, le harcèlement scolaire se déroule principalement en public, et se nourrit de l’effet de groupe. Un harceleur n’aurait pas d’intérêt à embêter un de ses camarades en aparté car il n’en tirerait aucun profit. Comme il est conscient que ses actions sont répréhensibles, il s’arrange pour que les personnes du même âge en soient témoins, mais pas les adultes. C’est ce qui explique qu’il soit si difficile pour un parent ou un enseignant de prendre conscience des faits de harcèlement. Dans la plupart des cas l’enfant n’ose pas se confier à un adulte, pour différentes raisons :
- Les faits de harcèlement étant particulièrement humiliants, il peut avoir honte d’en parler.
- Le fait de raconter ce qu’il a vécu réactive le souvenir de la souffrance éprouvée à ce moment.
- Il a peur que quelqu’un l’apprenne et de passer pour une "balance".
- Il sait que l’aveu de son harcèlement pourra faire souffrir ses parents ou les personnes qui l’aiment.
- Il minimise les faits et estime qu’il a mérité son harcèlement, ce qui est parfois renforcé par l’adulte qui ne cerne pas l’intensité du harcèlement (il pense que ce ne sont que des chamailleries) ou les causes de celui-ci (la jalousie étant souvent évoquée mais rarement à l’origine du problème).
Comment prévenir le harcèlement à l'école ?
Depuis 2021, le Ministère fait du sujet du harcèlement une priorité avec le programme pHARe.
Ce programme est un projet de prévention axé autour de 8 piliers, faisant intervenir 400 référents académiques et départementaux pour traiter les différentes situations signalées.
pHARe, c'est une plateforme d'appels
Une plateforme unique est mise en place pour recueillir les témoignages : le 3018. Ce numéro est disponible à l'appel, mais aussi sous forme de tchat sur Messenger et Whatsapp et en application. Une équipe de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques est disponible pour répondre et conseiller. Ils peuvent aider à faire avancer les choses en prévenant l’établissement ou en orientant vers des référents harcèlement dans les académies.
La grande nouveauté avec ce programme, c'est qu'un adolescent harceleur peut être changé de collège en cas de harcèlement avéré, là où précédemment c'était plutôt la victime qui changeait d'établissement. Pour l'école primaire, le changement d'école est un peu plus complexe : il n'intervient qu'en "niveau 3", et avec accord du maire de la commune concernée. Plus de détails ici.
pHARe, c'est une mobilisation des équipes enseignantes et des élèves
- Une équipe ressource constituée de 5 personnes par collège dans le 2nd degré et 5 par circonscription pour le 1er degré, suit une formation de 8 journées sur 2 ans pour repérer et prendre en charge les situations de harcèlement.
- Tous les établissements du 1er au 3e degré doivent organiser 10h d'apprentissage annuelles, du CP à la terminale, pour sensibiliser les élèves aux situations de harcèlement.
- Dans le second degré uniquement, des élèves « ambassadeurs » sont des personnes ressources du même âge que les élèves en situation de harcèlement, qui peuvent recevoir leurs confidences et les aider si besoin.
Concrètement, la nomination d’ambassadeurs dans les écoles et collèges n'est pas si simple, car elle peut entraîner une mauvaise réputation pour ces élèves (puisque cela va à l’encontre de la notion de popularité).
Les établissements participants au programme pHARe obtiendront un label, évalué à chaque fin d'année scolaire :
- Label niveau 1 - Engagement : ce niveau doit obligatoire être atteint par 100% des écoles, collèges et lycées.
- Label niveau 2 - Approfondissement
- Label niveau 3 - Expertise
pHARe, c'est une plateforme de ressources variées pour lutter contre le harcèlement
Le MEN propose des pistes par le biais de la plateforme « Non au harcèlement » créée il y a quelques années. On y trouve des ressources variées :
- Définition du harcèlement
- Campagnes de sensibilisation avec des affiches ou des vidéos réalisées par des écoles ou des collèges lors de concours
- Guides thématiques ou plans de sensibilisation
- Témoignages d’experts ou d’ambassadeurs...
- Numéro d'appel 3018
pHARe, ce sont des temps forts organisés dans l'année
Trois temps forts sont prévus dans l'année pour sensibiliser à la lutte contre le harcèlement scolaire :
- La journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, le 9 novembre 2023 cette année.
- Le prix "Non au harcèlement" (dernier prix décerné en mai 2023) qui récompense les meilleurs affiches et vidéos réalisés par les élèves de primaire, collège et lycée.
- Le Safer Internet Day (dernière édition en février 2023), dédié aux élèves, à leur famille et aux enseignants. C'est un rendez-vous de sensibilisation aux usages du numérique destiné à encourager les usages positifs et responsables en ligne.
Ce qu’il est bon de retenir, c’est qu'avec ce programme, tout est mis en œuvre pour que les personnes harcelées se sentent moins seules et puissent être écoutées. On incite fortement les enfants harcelés ou les témoins à parler, se confier à un adulte, au 3018 ou à une personne de leur âge. Cela semble effectivement nécessaire pour permettre aux élèves victimes de « lâcher la soupape ». Il sera alors plus facile de discuter de « plans d’action », en gardant ceci à l’esprit : un enfant ne peut pas régler seul ses problèmes de harcèlement ; un parent ne peut pas « sauver » seul son enfant ; un enseignant ne peut pas résoudre seul non plus ces faits. Il en va de même de la part de culpabilité de chacun : un enseignant n’est pas l’unique responsable du harcèlement ; le parent, l’enfant, le harceleur non plus.
D'autres moyens de lutter contre le harcèlement...
On remarque que les pistes pour lutter contre le harcèlement sont bien souvent orientées collège ou lycée. Pour une prévention efficace au primaire, et même dès la maternelle, on conseille le Jeu des Trois Figures, créé par le psychiatre Serge Tisseron en 2007. Ce jeu théâtral, initialement prévu pour aider les élèves à exprimer leur ressenti et leurs émotions face à des images animées (télévision, jeux vidéo, publicité, cinéma..) peut être adapté pour lutter contre toute forme de harcèlement. A partir d’une séquences d’images qui les ont marqués, les élèves choisissent une scène à rejouer, dans laquelle interviendront trois types de personnages (les Trois Figures, donc) : l’agresseur, la victime, et le tiers.
Après une phase de discussion, de préparation, les enfants sont invités tour à tour à jouer chacun des personnages, ce qui permet à un enfant qui aurait plutôt un tempérament d’agresseur de se mettre quelques minutes dans la peau d’une victime, et ainsi de suite. La préparation de la scène à jouer permet également de trouver des interventions apaisantes, par la figure du tiers (ou du sauveur). Pour les enseignants, cela peut être une manière de repérer différents profils, les enfants étant naturellement plus à l’aise, au départ, dans l’un des rôles. A la fin de la scène jouée, les acteurs sont applaudis, sans jugement ou leçon de morale : les enfants intègrent différentes réactions autour d’une situation...et c’est déjà un grand pas pour vivre ensemble sereinement. On peut aussi pour les plus petits apprendre à reconnaître et reproduire des mimiques, pour mieux contrôler ses émotions. Attention, le jeu des trois figures ne se met pas en place « pour voir » : il demande une formation particulière et un suivi régulier.
Toujours pour travailler l'empathie en classe en prenant différents rôles, Omar Zanna propose différents jeux comme le Jeu des Mousquetaires ou le Jeu des sculptures : un élève est "sculpté" par un autre, un dernier observe. Chaque enfant passe dans chacun des rôles. Cela implique au "sculpté" de faire confiance à l'autre pour qu'il "utilise" son corps, et au sculpteur de prendre en compte les sentiments de son modèle. Pour travailler plus ponctuellement sur la prise en compte des sentiments de l'autre, vous pouvez aussi jouer au jeu Feelings ou à Valeurs en main, un dérivé du jeu de 7 familles proposé par l'association You are heroes (qui lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement).
Il existe d'autres associations qui proposent des outils pour aider les élèves en situation de harcèlement scolaire. C’est le cas notamment de "Marcel Ment", qui partage un mode d’emploi pour mettre en place des « groupes de parole protégée ».
La lecture, dès le cycle 1, d'ouvrages de littérature de jeunesse portant sur la différence, l'acceptation de soi ou le harcèlement peut s'avérer très utile en prévention, mais aussi comme point de départ à la discussion et à la résolution de conflits entre les élèves. Nous vous proposons en fin d'article une belle bibliographie d'albums abordant ces sujets.
Enfin, l’une des solutions qui semblent le plus fonctionner contre le harcèlement... c’est l’humour. On a vu que les auteurs de harcèlement se nourrissent des faiblesses de leur victime pour appuyer « là où ça fait mal » et les déstabiliser. Autrement dit s’il n’y a plus déstabilisation, il n’y a plus harcèlement : d’où l’importance d’aider les élèves à s’accepter tels qu’ils sont, en faisant part d’une bonne dose d’auto-dérision. Si la victime reprend les insultes du harceleur pour les exagérer et rentre à fond dans son jeu, c’est ce dernier qui sera déstabilisé et tourné au ridicule. Pour résumer, c’est la technique du « mic drop » (Emmanuelle Piquet parle de « flèche de résistance ») : une bonne répartie cinglante énoncée avec conviction.
Cette façon d'agir peut être déroutante pour l'enseignant qui a tendance à protéger la victime et à faire la morale à l’auteur des brimades. Mais en faisant cela, l’enseignant renforce la position de victime de l’enfant et l'empêche de se défendre seul, risquant ainsi d’aggraver la situation. C’est pourquoi nous allons dans le sens des recommandations du Ministère lorsqu’il s’agit de recueillir des témoignages de harcèlement et montrer à la victime qu'on a pris en compte sa souffrance, puis d'ensuite agir pour empêcher le harcèlement et réfléchir à des sanctions. Cependant, le fait même d'alerter ou de sanctionner le harceleur peut ne pas être efficace. Il est important de prendre le temps de la réflexion, en concertation avec la victime, avant d'intervenir auprès du harceleur.
Que faire en cas de harcèlement avéré ?
Comme on le disait, la première chose à faire lorsqu’on est victime de harcèlement, c’est d’en parler à quelqu’un ou d'appeler le 3018. Il s’agit dans ce cas, d’inviter l’enfant à dépasser sa honte ou sa peur pour raconter ce qu’il a vécu, prendre en note des faits, leur régularité… à condition que cela reste, dans un premier temps, totalement confidentiel, c’est à dire que la personne informée ne doit rien faire sans le consentement de la victime. On l’a vu plus haut, vouloir régler des faits de harcèlement pour quelqu’un d’autre ne fait souvent qu’empirer la situation.
Dans un deuxième temps, il s’agit de trouver des solutions concrètes pour l’élève. L’une d’elle est souvent de lui faire changer de classe ou d’établissement. Cette solution peut parfois fonctionner. Mais dans la plupart des cas, le harcèlement recommence dans le nouvel établissement, car l’enfant n’a pas appris à se défendre par lui-même. De même, dire à un enfant de s’éloigner d’un groupe qui lui ferait du tort, ou forcer des élèves à « être gentils » et jouer avec lui, ne règle pas le problème. C'est pourquoi la nouvelle approche du projet pHARe où c'est le harceleur et pas le harcelé qui est sanctionné, est intéressante.
Même si la solution est difficile pour l’enfant harcelé, le fait d’apprendre à se faire respecter et à riposter de manière stratégique semble la manière la plus efficace de stopper le harcèlement à long terme.
Plus facile à dire qu’à faire, quand l’enfant est totalement intimidé par ses « bourreaux ». Mais cela s’apprend, on peut « s’entraîner », préparer des réparties liées à certaines situations de harcèlement fréquemment rencontrées et les « répéter », jusqu’à être prêt à les mettre en pratique. Dans ce cas, un enseignant, un parent, un ami, un grand-frère/soeur, un psychologue...toute personne prête à encourager et surtout guider l’enfant dans ses efforts sera la bienvenue.
Pour aller plus loin :
Quelques ouvrages spécialisés et articles pour les adultes :
- "Le harcèlement scolaire en 100 questions", Emmanuelle Piquet, Editions Tallandier, 2017
- "Les dix commandements contre la violence à l'école", Eric Debarbieux, Editions Odile Jacob, 2018
- "Le jeu des trois figures. Prévenir la violence et le harcèlement scolaire", Serge Tisseron, Journal des Psychologues, N° 299, p. 28-32.
- "Refuser l'oppression quotidienne : la prévention du harcèlement à l'école". Rapport au ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. Eric Debarbieux , Observatoire International de la Violence à l'Ecole, 2011.
- "Cultiver l'empathie à l'école", Omar Zanna, Editions Dunot, 2018
Quelques ouvrages spécialisés pour les enfants et adolescents :
- "Je me défends du harcèlement", Emmanuelle Piquet, illustré par Lisa Mandel, Editions Albin Michel Jeunesse, 2016
- "Le harcèlement expliqué aux enfants, et aux grands aussi parfois !", Mon petit Quotidien, Editions Play Bac, 2018
- Infographie sur le harcèlement scolaire du Petit Quotidien, mis en ligne par l'académie de Poitiers : http://ww2.ac-poitiers.fr/ia79-pedagogie/IMG/pdf/1-1-33_le_petit_quotidien-harcelement_13_novembre.pdf
Quelques albums pour aborder en classe la thématique de la différence, du rejet et du harcèlement :
Cycle 1
"Elmer", David Mc Kee, Editions Kaléïdoscope, 1989
Elmer est différent des autres éléphants : il est bariolé et cette différence lui déplaît. Mais il découvrira que sa singularité ne l'empêche pas de rester le même bon Elmer pour ses amis.
"Le bonnet d'Ona", Frédérick Stehr, Editions L'Ecole des Loisirs, 2014
En petite section, les souris doivent porter un bonnet jaune. Ona déteste le sien. C’est sa maman qui l’a tricoté avec amour, mais il gratte, il est trop grand, et il fait se moquer les garnements. Ona est triste. Mais voilà que les garnements traînent le maudit bonnet dans la boue… Ona a une idée. Si en plus elle lui fait des trous, sa maman va être obligée de le changer ! Mais la maman d’Ona n’est pas seulement une tricoteuse hors pair, elle a des idées…
"Mon voisin Masuda", Miho Takeda, Editions Nobi Nobi, 2012
Aujourd'hui, la petite Miho n'a pas envie d'aller à l'école et cherche tous les prétextes imaginables pour rester au fond de son lit. Pour quelle raison est-elle si réticente ? Parce que dans sa classe, elle est assise à côté d'un horrible monstre vert à l'air malicieux : Masuda, qui la martyrise et se moque d'elle toute la journée.
"La lapindicite", Christine Naumann-Villemin et Arnaud Nebbache, Editions Kaleïdoscope, 2014
Pauvre petit Ignace ! Depuis quelque temps, il rentre de l’école le cœur barbouillé. Son entourage a beau redoubler d’attention, ses douleurs empirent jour après jour... Et si Hannibal la terreur, le voleur de goûter, y était pour quelque chose ?
"Tyranono, une préhistoire d'intidimidation", Gilles Chouinard et Rogé, Editions La Bagnole, 2013
Dans toutes les cours d'école du monde, il y a un écolier à qui tous les autres écoliers font la vie dure... très dure. Un petit Tyrano, bousculé par un grand Tyran, prouve qu'il mérite d'être bien traité... Comme tout le monde !
Cycle 2
"Okilélé", Claude Ponti, Editions L'Ecole des Loisirs, 1993
Quand il est né, Okilélé n'était pas beau. Ses parents, ses frères, sa soeur dirent « Oh, qu'il est laid ! ». Okilélé pensa que c'était son prénom...et ne comprenait pas pourquoi il gênait partout où il se trouvait. Croyez-vous qu'il se laissa faire ? Non, et c'est le début d'une très longue histoire, d'un très beau voyage...
"Sophie la vache musicienne", Geoffroy de Pennart, Editions Kaleïdoscope, 1999
Depuis toujours, Sophie régale sa famille et ses amis avec ses concerts. Un jour, elle se rend à la ville pour participer à un concours de musique organisé par le roi. Mais ne participe pas à un concours qui veut... il faut faire partie d'un orchestre. Et n'est pas admis dans un orchestre qui veut... il faut appartenir à un clan. Trop herbivore, pas assez distinguée, trop marron, des cornes trop courtes... Pauvre Sophie ! Elle qui rêvait de faire de la musique pour la musique...
"Je, tu, il m'embête", Michel Van Zeveren, Editions Pastel, 2013
« Attention, pas de bêtises, les enfants », dit maître loup avant de s’absenter de la classe. Alors, plutôt que de s’embêter, petit loup décide d’embêter petit lapin. Petite souris embête petit loup mais petit sanglier arrive et se fait embêter par petite biche. Les trois petits cochons interviennent. Finalement, est-ce les plus grands qui embêtent les petits ? Et les filles embêtent-elles plus les garçons que l’inverse ? Lorsque tout le monde embête tout le monde, on finit par s’embêter…
"Rouge", Jon de Kinder, Editions Didier Jeunesse, 2015
Paul persécute Arthur parce qu'il rougit, il est cruel envers son camarade et fait tout pour le mettre mal à l'aise. Il fait peur aussi aux autres qui craignent des représailles si toutefois ils s'interposaient. Mais il suffit parfois de lever le doigt, de faire entendre sa voix, pour que tout rentre dans l'ordre...
Cycle 3
"Charles à l'école de dragons", Alex Cousseau et Philippe-Henri Turin, Editions Seuil Jeunesse, 2010
Comme tous les dragons de son âge, Charles doit apprendre à voler et à cracher du feu. Mais comment faire avec de si grandes ailes et de si gros pieds ? C’est sûr, Charles est différent. Plutôt que de prendre son envol, il reste désespérément cloué au sol. Plutôt que de brûler son cahier, il le noircit avec des mots, et passe son temps à écrire des poésies bizarres. À l’école, les autres se moquent constamment de lui. Pourtant, il doit bien exister quelqu’un, ici ou là, capable d’aider Charles. De lui faire sortir le nez de son cahier, pour visiter le monde si vaste.
"Max se fait insulter à la récré", Dominique de Saint-Mars et Serge Bloch, Collection Max et Lili, Editions Calligram
Max est lâché par ses copains et on profite de sa faiblesse pour le harceler, le " traiter " et se moquer de lui à la récré. Max se sent nul et humilié. Il n'arrive plus à se défendre. Va-t-il retrouver confiance en lui ou rester une victime ? Ses parents vont-ils devoir intervenir ?
"Lili est harcelée à l'école", Dominique de Saint-Mars et Serge Bloch, Collection Max et Lili, Editions Calligram
Valentine et ses copines ont trouvé un nouveau jeu : ridiculiser Lili, lui faire subir des brimades, dire du mal d’elle... Lili se retrouve seule, la peur au ventre. Comment va-t-elle s’en sortir ?
"Le préau des z'héros", Estelle Billon-Spagnol, Editions Alice, 2012
Dans sa nouvelle école, Benjamin se voit affublé par les caïds de la classe d’affreux surnoms et est obligé de rejoindre les autres souffre-douleur, « Ampouleman », « Dents-de-vache » et « Mange-poubelle » sous le Préau des Zéros. Benjamin ne les aime pas, les autres « zéros », et il trouve qu’ils ont bien mérité leur sobriquet. Lui, par contre, il n’a rien à voir avec eux. Pourtant, il fera ce que les AUTRES ont décidé. Et les jours se succèdent, plus lourds à porter les uns que les autres… mais, tout de même, Benjamin et les autres "zéros" découvriront que la solidarité peut leur apporter un certain répit.
"Jane, le renard et moi", Isabelle Arsenault et Fanny Britt, Editions La Pastèque, 2012
Hélène est victime de harcèlement et d’intimidation à son école. Elle trouve alors refuge dans le monde de Jane Eyre, le premier roman de Charlotte Brontë.
"Le papa de Simon", d’après une nouvelle de Maupassant, adaptation de charlotte Moundlic, Editions Milan, 2014
Simon, n’est pas comme les autres élèves. Il n’a jamais vu son papa. Dès la rentrée, il devient le souffre-douleur de ses camarades, qui choisissent cette mince différence pour le battre. Courant se réfugier près de la rivière, en pleurs, il rencontre Philippe Rémy, le forgeron du village. Un homme généreux qui l’écoute, le console, fait attention à lui et le traite comme son fils.
Sites Internet :
- Site Non au harcèlement, du ministère de l'éducation nationale : https://www.nonauharcelement.education.gouv.fr/
- Guide du MEN à destination des écoles : Que faire pour agir contre le harcèlement dans mon école
- Cahier d'activités primaire du MEN : outils et séquences pédagogiques : https://www.nonauharcelement.education.gouv.fr/wp-content/uploads/2015/10/2015_non_harcelement_cahier_activites.pdf
- Conférences TedX d'Emmanuelle Piquet sur son site Internet : http://a180degres.com/tedx/
- Ressources sur le jeu des trois figures : https://3figures.org/fr/
Site de l'association Marcel ment : des outils pour les enfants, les familles et les enseignants : https://www.marcelment.org/