Plans de travail, Ateliers, Ceintures de compétences : une multitude d'organisations possibles !

L’organisation d’une classe est dépendante du groupe d’élèves aussi bien que de la sensibilité pédagogique de l’enseignant.

Aucune recette miracle ne peut être appliquée.
Un enseignant peut trouver une année un fonctionnement qui correspond parfaitement à son groupe classe et remettre tout en cause l’année suivante face à une nouvelle cohorte d’élèves.

Dans cet article, nous essaierons de définir et de lister de façon non exhaustive différentes organisations à adapter dans sa classe. Ces modes d’organisation peuvent se superposer, s’imbriquer, être mis en place seuls ou en même temps... ou encore être introduits au cours de l’année.
Par exemple un plan de travail peut contenir des entraînements aux différentes ceintures. Mais cela peut aussi être le cas d’un atelier tournant !
Dans tous les cas, la mise en place d’un nouveau fonctionnement nécessite une réflexion pédagogique de la part de l’enseignant. Le plus gros écueil pourrait être de se laisser happer par sa nouvelle organisation d’un point de vue pratique et matériel, sans prendre le temps d’un retour réflexif côté élèves.  

Les plans de travail

"Pouvoir choisir est, pour le plus grand nombre, synonyme de plaisir. Le plaisir du choix favorise l’acceptation de la contrainte scolaire et l’engagement de l’élève dans sa tâche. L’élève a le sentiment de maîtriser son travail et de recevoir de l’aide au bon moment et sous une forme appropriée." (Philippe Perrenoud)

Par plan de travail, on entend une programmation individuelle qui contractualise les apprentissages entre l’élève, l’enseignant et la famille.
Cet outil permet d’organiser les apprentissages et de suivre au plus près le travail des élèves tout en gérant au mieux l’hétérogénéité d’une classe.

Le plan de travail est un outil pensé à l’origine par Célestin Freinet dans les années 1930 : les élèves y choisissent eux-mêmes leurs activités. Des discussions avec l’enseignant permettent au fil de l’année d’ajuster ses ambitions, ses envies et ses besoins.

La réalité de son utilisation en classes (s’inspirant ou non de Freinet) est très diverse.

Voilà les différentes variables, et ceci est une liste non exhaustive !

Il y a autant de formes et de contenus de plans de travail que de classes.
Celui ci se construit en fonction des méthodes, du matériel et des projets de la classe. Ainsi, il peut intégrer :
- des exercices de manuel,
- des entraînements aux ceintures de compétences,
- des textes libres à rédiger,
- des exercices auto correctifs,
- des temps de projet personnel ou en petits groupes,
- des poésies à écrire, illustrer et apprendre,
- des temps de lectures…

La durée du plan de travail :

- pour les CP et les CE1, il peut être pensé de façon quotidienne, voir allongé à une semaine,
- pour les plus grands, certains enseignants gardent ce format hebdomadaire tandis que d’autres choisissent de l’allonger considérablement.

Les moments de réalisation du plan de travail :
- lors de plages d’emploi du temps dédiées,
- lorsque les élèves ont fini leur travail collectif.
- lors d’activités autonomes, pendant qu’une partie de la classe est en atelier dirigé.

L’autonomie :
- chaque élève avance comme il le souhaite en s’organisant seul,
- l’enseignant choisit d’accorder des degrés d’autonomie en fonction des élèves. Certains seront plus guidés que d’autres dans l’avancement de leur travail.

- un système de tutorat entre élèves peut être organisé, sur la base du volontariat.

Les retours :
- un retour collectif peut être organisé en fin de semaine,
- à différents moments de la classe, des temps d’échanges sur des points précis de difficultés soulevés par les élèves sont mis en place,

- le retour peut également être individuel, prévu lors de temps de correction élève / enseignant ou par écrit en remplissant un bilan.

En termes de différenciation l’intérêt est évident : chacun avance à son rythme, peut bénéficier de supports adaptés et valider ses réussites au fur et à mesure de l’avancement de ses apprentissages.

Les écueils les plus souvent cités sont :
- les temps de correction qui méritent d’être bien pensés afin qu’ils n’interviennent pas de manière trop différée.
- la difficulté à mettre en place un vrai temps de métacognition avec l’élève : « qu’as-tu fait facilement ? Comment t’es-tu organisé ? Comment as-tu surmonté tes difficultés? », pourtant indispensable pour progresser dans l’appropriation de l’outil.
- la difficulté pour certains élèves moins autonomes de s’investir pleinement dans un travail individuel sur un temps relativement long.

Des exemples de plans de travail :

https://monecole.fr/fonctionnement-de-classe/plan-de-travail/fonctionnement-plan-de-travail
https://sicestpasmalheureux.com/2014/10/18/bon-mais-concretement-ca-marche-comment-ta-classe/
http://laclasseavefa.canalblog.com/archives/2013/05/10/27118588.html

L’académie d’Orléans-Tours propose un document très complet : https://www.ac-orleans-tours.fr/fileadmin/user_upload/tours_nord/enseignement_pedagogie/aide_eleves/DV_AP_Le_plan_de_travail_janv_2015.pdf

Les ceintures

Fernand Oury (pédagogue disciple de Célestin Freinet et fondateur de la pédagogie institutionnelle) met en place dans les années 1960 un système de ceintures inspiré du judo, échelonnant les compétences de mathématiques et de français par couleurs.
Les élèves s’entraînent sur les compétences propres à la première ceinture, passent le test correspondant. Si le test est validé, ils commencent à s’entraîner sur les compétences de la ceinture suivante. Sinon, ils peuvent recommencer les entraînements en vue de repasser la première ceinture.

En classe, les ceintures ne dispensent pas de leçons collectives, bien au contraire ! Une notion peut être vue par toute la classe avec l’enseignant au mois de février par exemple, cela n’empêchera pas certains élèves d’avoir déjà passé le test correspondant, et à d’autres de s’entraîner pour ne le passer qu’au mois de mai.


La mise en place pratique de ces ceintures est encore une fois variable : par exemple, certains enseignants choisissent de valider le passage d’une ceinture en prenant en compte un nombre de points global sur l’ensemble des exercices, d’autres se reposent sur le test sommatif.

Différentes utilisations en classe:

http://www.charivarialecole.fr/archives/45
https://leblogducancre.com/les-ceintures-de-competences/
https://nosceintures2competences.org/
Eduscol : http://eduscol.education.fr/experitheque/fiches/fiche12667.pdf

Les outils de la démarche PIDAPI proposent des fichiers complets d’auto-évaluation diagnostiques, sommative et formatives.

Les outils PIDAPI n'ont pas été pensés pour être adaptés à une seule année scolaire. L'adaptation à ce matériel demande du temps autant pour l’enseignant, pour l’élève que pour les familles.

Ce matériel pédagogique à visée coopérative comprend :
- un portfolio par élève qui regroupe l’ensemble des grilles de ceintures,
- un fichier de pré ceintures, support à des évaluations diagnostiques,
- des fichiers de ceintures, qui sont des supports d’évaluation sommative en cas de réussite ou des supports d’évaluation formative en case d’erreurs.
- un tableau de ceinture « Je grandis », affiché dans la classe,
- un guide de l’enseignant,
- des fiches d’entraînement auto-correctives.

https://www.icem-pedagogie-freinet.org/
https://pidapi-asso.fr/

Les ateliers

Derrière le terme d’ateliers se cache une réalité très variée.
Si l’on définit communément un atelier comme un temps de travail en petit groupe, ce terme peut concerner : du travail en autonomie, des temps dirigés par l’enseignant, un travail coopératif par groupe de 4 ou 5 ou par binôme…

En ateliers, on peut choisir  d’aborder avec les élèves de nouvelles notions, ou leur proposer de l’entraînement sur des compétences déjà abordées en groupe classe.
Une constante reste l’espace de la classe, à repenser par rapport à une organisation « classique ». Des îlots sont souvent mis en place, mais reste à définir si les élèves ont une place fixe ou si l’on se lance dans l’aventure de la « classe flexible »...

La constitution des groupes est également soumise à réflexion : groupes de besoin, groupes homogènes ou hétérogènes, etc.

Différents fonctionnements en ateliers :
http://www.charivarialecole.fr/archives/506
http://www.chezmonsieurpaul.fr/ateliers-c24912378
http://jeveuxetremaitresse.over-blog.com/2016/03/travailler-en-ateliers-en-elementaire.html
https://lalaaimesaclasse.fr/ateliers-2015

Classe flexible :
https://ecolebranchee.com/2017/05/16/lamenagement-flexible-flexible-seating-une-tendance-favorisant-lattention/
https://ecolebranchee.com/2018/01/12/classe-flexible-suis-bien-me-sens-a-maison/