« nom féminin (latin eloquentia, de eloqui, s'exprimer) ‌‌
Art, talent de bien parler, de persuader et de convaincre par la parole ; verve : Il entraînait les foules par son éloquence. » (Larousse)

Pourquoi l’éloquence ?

L’art oratoire a fait son entrée depuis quelques temps au collège, au lycée et à l’université. Il est moins présent en école élémentaire.  Et si dès le plus jeune âge on pouvait aussi apprendre à « bien » parler, à maîtriser les codes de la communication, à passionner et à convaincre son auditoire ? Les enjeux de la maîtrise de l’éloquence sont essentiels : maîtriser sa pensée dans l’action, apprendre à parler sans support visuels, exercer sa mémoire...
Surtout, l’éloquence est un formidable vecteur de justice sociale. Savoir comment l’on s’adresse à un auditoire, qu’il soit réduit ou large, est peut être le premier pas pour franchir bien des barrières liées à la condition sociale.

Les liens avec le BO se font facilement :

- en cycle 2, dans le sous domaine Langage Oral « Dire pour être entendu et compris, en situation d’adresse à un auditoire ou de présentation de textes (lien avec la lecture) » ou « Participer à des échanges dans des situations diverses » par exemple.
- en cycle 3, toujours en Langage Oral « Parler en prenant en compte son auditoire », « Participer à des échanges dans des situations diverses (séances d'apprentissage ordinaire, séances de régulation de la vie de classe, jeux de rôles improvisés ou préparés) » pour ne citer que ces compétences.

Dans quelles situations s’exercer en classe ?

L’éloquence, comme le langage oral en général, est une compétence transversale. Les élèves vont s’y exercer spontanément en récitant une poésie : chercher à trouver la bonne intonation, parler assez fort pour être entendu de tous ses camarades. Présenter un exposé est aussi un exercice classique mais pourvu de nombreuses vertus : parler sans support visuel, captiver son auditoire…

Mais comment la travailler spécifiquement ? On peut ici s’appuyer sur ce qui est mis en place dans les plus grandes classes et l’adapter à l’élémentaire. Un concours classique d’éloquence consiste à choisir un sujet propice au débat puis à un faire un réquisitoire et une plaidoirie.

Au collège et au lycée, on va par exemple choisir « A-t-on le droit d’être égoïste ? », « Les animaux doivent-ils avoir des droits ? » ou « Les robots “humanoïdes” sont de plus en plus répandus dans le monde : faut-il en avoir peur ? »… des sujets propices au débat, qui abordent souvent des questions de société.

Si l’on veut travailler l’éloquence au primaire, les sujets peuvent être adaptés à l’univers des élèves et à leur connaissance du monde environnant. Les classes pratiquant les débats philo trouveront de nombreuses idées. On pourrait imaginer débattre sur l’école idéale, les jeux de cour, l’existence ou non de rôles fille-garçon… Pour passionner les élèves et leur donner envie de s’investir, un sujet légèrement polémique, ou au moins ayant matière à l’être peut être passionnant !

Bien entendu, ce travail sera fructueux s’il est précédé d’ateliers :

- des études de texte où l’on apprend à reconnaître un argument en lien avec une affirmation,  
Vous pourrez trouver ici une séquence complète très bien pensée, intitulée « Apprendre à donner son avis ».
L’auteur, en s’appuyant sur différents ouvrages de littérature jeunesse, propose un module qui serait un parfait pré-requis à l’organisation d’un concours d’éloquence ! http://bla-bla.cycle3.pagesperso-orange.fr/avis.htm
- apprendre à justifier ses propos par des arguments,
- jeux de rôles, mini saynètes de théâtre, présenter de manière originale un mot oublié...
- comprendre la nécessité de respecter un avis différent du sien...
- élaborer des grilles d’évaluations avec les élèves (par exemple pour l’orateur : parler assez fort, soigner son attitude, être concentré sur son attitude, et pour le public : réagir de manière courtoise, ne pas interrompre l’orateur...).

Ensuite, les arguments d’un réquisitoire et d’une plaidoirie peuvent être travaillés en groupes. Par exemple, un groupe va travailler sur tous les arguments qui valident le fait d’avoir un téléphone portable dès le CE2. Un autre groupe s’entraîne à définir les arguments qui soutiennent le contraire. Ce qui peut être perturbant dans cet exercice est bien évidemment qu’on ne va pas forcément débattre du côté où l’on situe nos idées. Mais ce n’est pas l’enjeu !  

Une fois ce travail préparatoire effectué, la joute peut se faire :
- de manière collective : deux groupes s’affrontent face à face, chaque élève présentant un argument,
- en face à face : quand le groupe est plus à l’aise avec l’exercice, on peut imaginer deux élèves s’affronter.

Les allers retours entre la théorie et la pratique sont bien entendu bénéfiques. Reprendre la teneur des arguments utilisés par les élèves, faire des points en s’appuyant sur les grilles d’évaluation…    

L’éloquence : un travail ambitieux au long cours, mais passionnant…  

Webographie :