La démarche PIDAPI (Parcours Individualisés et Différenciés des Apprentissages et Pédagogie Institutionnelle) propose des outils sous forme de fiches de travail regroupant l’ensemble des compétences de la fin du CE1 au début de la 6ème. Ces compétences sont ordonnées selon des couleurs de ceintures (comme au judo) dans lesquelles les élèves s’entrainent avant de passer une validation, également appelée ceinture.

illustration : Romain Soulcié

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Anne VRIGNON et j’enseigne depuis 2001 dans une petite école rurale de deux classes. Il s’agissait de mon premier poste à la sortie de formation. J’y ai été nommée chef d’établissement et je ne pensais pas y rester puis, j’ai trouvé des élèves attachants, des parents accordant leur confiance sans limite et une collègue dynamique…18 ans plus tard, j’y enseigne toujours avec grand bonheur.

Quelles sont les particularités de ta classe ?

Ma classe a la particularité d’être multiniveaux. En effet, il s’agit d’un CE-CM (4 niveaux) mais j’ai également des enfants en grandes difficultés ; je travaille donc fréquemment 5 ou 6 niveaux…

Si tu devais expliquer PIDAPI à un élève qui entre en CP, que lui dirais-tu ?

PIDAPI est une façon de travailler qui permet à chacun de progresser à son rythme, en évitant de reprendre une notion que l’on connaît déjà et en revoyant des compétences que l’on n’a pas complètement acquises. Comme chaque enfant est différent, cela permet surtout de s’entraider car les compétences des uns ne sont pas les mêmes que celles des autres. Cela fonctionne en ceintures de couleur, de façon à être très visuel.  

Pourquoi t'es-tu lancée dans cette méthode ?

PIDAPI permet de donner une place importante à la collaboration et au tutorat.C’est ce qui m’a attiré au départ pour l’utilisation de PIDAPI car je trouvais cet outil particulièrement adapté aux multi-cours et j’aimais déjà valoriser la coopération entre enfants.

Chaque enseignant s’approprie l’outil PIDAPI à sa façon ; certains l’utilisent de façon exclusive (découverte d’une notion, entraînement, validation). Ce n’est pas mon cas. Je l’utilise pour valider les compétences en français et en mathématiques (il existe également pour les sciences, histoire et géographie). C’est en fait mon moyen d’évaluation. Je me suis longtemps posée de nombreuses questions sur l’évaluation, ai suivi plusieurs formations, beaucoup lu... Avec des évaluations « classiques », j’avais l’impression de faire l’inverse de ce en quoi consiste l’évaluation (« mettre en valeur »). Avec PIDAPI, j’ai répondu à ce questionnement : chacun de mes élèves a un cahier de progrès dans lequel il intègre son travail PIDAPI au fur et à mesure de ses réussites. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est leur réelle implication dans les apprentissages ainsi que la valorisation de chacun, même des enfants en grandes difficultés.

Quel travail de préparation et de correction cela te demande-t-il ?

Pour moi, la préparation consiste surtout à élaborer des plans de travail pour chaque élève. Cela nécessite un suivi rigoureux et régulier des élèves.
Le travail de correction n’est pas trop lourd s’il est fait de façon quotidienne…


Au niveau du coût, peux-tu nous en dire plus ?

Pour la version 7 de PIDAPI français et maths, il faudra investir 200€…
L’histoire, la géographie ou les sciences existent aussi (respectivement à 45€, 40€ et 35€).


Qu’en disent les élèves ? Et les parents ?

Les élèves apprécient surtout de visualiser leurs progrès grâce aux ceintures de couleur. C’est ce qui génère le plus de motivation.
Les parents ont mis un peu de temps à comprendre ; d’autant que j’avais présenté la démarche lors de ma réunion de rentrée et que tous n’étaient pas présents… Mais, ils n’ont à aucun moment remis en cause cette pédagogie. Certains m’ont fait remonter le fait que des partenaires intervenant auprès de leurs enfants (orthophoniste, psychologue, pédiatre) avaient même souligné l’intérêt de cette démarche.

Si on devait retenir 3 points positifs de Pidapi, ce serait lesquels ?

Si je devais retenir 3 points positifs de PIDAPI, ce serait :

  • L’implication des enfants dans leurs apprentissages
  • La valorisation des réussites
  • La collaboration comme outil d’apprentissage

Après le recul de quelques années de pratique, y a-t-il selon toi des écueils ?

Avec le recul, un point négatif serait la nécessaire autonomie des élèves. En effet, un enfant manquant d’autonomie peut se trouver en dessous de ses compétences réelles. Cependant, à l’inverse, un enfant en difficulté mais particulièrement volontaire et travailleur pourra avancer plus vite.

Si tu croisais un enseignant débutant qui veut se lancer, quels conseils lui donnerais-tu ?

Je ne conseille pas l’utilisation de cette méthode à un enseignant débutant. Elle donne l’impression d’être clés en mains mais nécessite un changement de posture de l’enseignant, une conduite de classe différente.

Connais-tu un site web qui explique de manière détaillée toute la démarche ?

Pour connaître l’ensemble de la démarche, le mieux est d’aller consulter le site web : PIDAPI-Asso.
Tout y est expliqué. Il y a même des vidéos pour les enfants et d’autres pour les parents.
Le site est « vivant », c’est-à-dire qu’il évolue en fonction des remarques des utilisateurs et des nouveautés sont également créées. En effet, désormais un « PTI’DAPI » existe en maths pour les enfants de cycle 2 non lecteurs. Des applications sont aussi proposées sur Learning Apps...

Et si c'était à refaire ?

Et si c’était à refaire ? Je n’hésiterais pas une seconde !

Merci Anne pour ce témoignage.

En guise de conclusion, je vous suggère de regarder cette petite vidéo réalisée avec des élèves pour en savoir plus.


* Le contenu de l’introduction est issu du site PIDAPI-Asso.


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