Peux-tu te présenter ?
Valérie : j’enseigne en CM1 dans une école de grande taille (plus de 350 élèves, une quinzaine de classes et une ULIS 1 ), dans une ville moyenne, de bord de mer.
Le numérique pour toi, c'est une vieille histoire ?
J’ai toujours utilisé les PC présents dans une classe, depuis les 15 dernières années, mais j’ai vraiment accentué l’usage du numérique en classe depuis 2012, avec l’arrivée de nouveaux matériels à l’école et de supports existants sur Internet.
Peux tu nous présenter le matériel que tu as à ta disposition ?
En classe, les élèves disposent de 4 PC en réseau et 5 tablettes. Il y a le PC du maître relié au TBI 2 . Tous ont accès à Internet par le wi-fi. L’école a aussi aménagé une salle informatique d’une quinzaine de postes, que nous pouvons utiliser occasionnellement. Dans la salle des maîtres, il y a 3 PC. C’est une école plutôt bien dotée.
Quels sont les objectifs d'apprentissage qui te paraissent optimisés avec l'usage du numérique ?
Il me semble qu’il s’agit avant tout d’outils et de méthodes pour apprendre (Cf. socle 2) : les compétences de recherches sont plus facilement entraînées avec le numérique. Mais pour ce qui est des apprentissages fondamentaux, l’usage du numérique agit surtout sur la motivation des élèves en leur proposant un support différent et attractif.
Que gagnes-tu avec le numérique ?
C’est une aide pour la différenciation pédagogique : les élèves ont accès individuellement à des supports correspondant à leur parcours du moment.
Les tablettes offrent des possibilités créatives pour faire des adaptations. Par exemple, pour un élève qui rechigne à écrire, il peut conjuguer un verbe à l’oral et s’enregistrer.
Les activités sur TBI mettent en image et en mouvement des notions qui sont ainsi moins abstraites et plus accessibles à certains.
Pour les entraînements des apprentissages, le numérique offre des exercices auto-correctifs, ce qui est un gain de temps pour le maître et les élèves.
L’utilisation d’un blog accessible aux familles favorise le lien entre l’école et les parents qui sont demandeurs.
Et, quitte à me répéter, la motivation de certains est meilleure : on peut raccrocher les décrocheurs avec ce support, favoriser leur adhésion aux apprentissages.
Est-ce que certains élèves rechignent ?
Non…
Comment évolue ta pratique ? Remets-tu en cause ce que tu as mis en place tous les ans ?
Pour ce qui est du numérique en classe, je cherche à établir un équilibre entre les activités numériques et « papier », les usages personnalisés ou de groupe, les entraînements et les recherches.
Ce qui a été mis en place est relativement durable (ouf !) : les séances TBI préparées sont réutilisables - et si besoin, rectifiées selon le vécu d’une séance - les activités d’entraînements sur PC ou tablettes s’inscrivent dans des parcours maths/français que je maintiens d’une année sur l’autre, avec un réajustement minime. Les activités de recherche varient selon les projets de l’année.
Je n’ai pas repris l’usage d’un ENT ou d’un blog, qui me prenait beaucoup de temps au regard du peu d’utilisation par les familles . Par contre, j’ai réalisé un sondage numérique sur la pédagogie pratiquée dans la classe, auquel les élèves ont répondu individuellement, et leurs réponses me permettent d’ajuster pour l’année prochaine certains éléments de ma pratique.
Quel usage du numérique ne fais-tu pas à l’école ?
Actuellement, je ne l’utilise pas comme moyen de communication, et donc, je ne favorise pas du tout les apprentissages des enfants en ce qui concerne le bon usage de cet outil, par exemple le lien avec les réseaux sociaux qu’ils utilisent pour la plupart chez eux.
Et as-tu des retours de parents ?
La majorité des parents apprécient le fait que la variété des supports motive leur enfant. Ils demandent parfois eux-mêmes des références de sites pour aider leur enfant, dans l’apprentissage des tables par exemple.
J’ai toutefois entendu l’un ou l’autre parent dire que les enfants étaient déjà suffisamment sur les écrans pour qu’on les utilise aussi en classe !…
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui a peur se lancer ?
Demander quelques idées ou supports à un ou une collègue qui utilise le numérique, visiter une classe 2.03 , suivre une formation ou un MOOC4 pour l’utilisation d’un TBI, commencer par de petites choses, garder en tête que les élèves vont adhérer immédiatement !
Selon toi, quels sont les écueils ?
Le maître ne délègue pas son rôle d’enseignant. Pour les activités d’entraînement, il faut les avoir testées soi-même. Pour les activités de recherche, il faut préparer un cadre et entraîner la capacité des élèves à sélectionner-valider.
Responsabiliser les élèves est incontournable : il faut clarifier et délimiter avec les élèves les usages autorisés sur les tablettes et PC, en particulier avec la charte internet et informatique à l’école.
Il faut également rester conscient que le numérique est un outil, parmi d’autres.
Si tu devais présenter 3 pratiques faciles et réussies à coup sûr, lesquelles te viendraient en premier ?
- Les séances collectives sur TBI : à préparer sur son PC avec un logiciel simple (exemple : Open Sankoré). En 25 minutes, une notion peut être travaillée en interactivité au tableau, les élèves équipés d'une ardoise.
- Le plan de travail numérique : il existe des propositions clé-en-main sur Internet, où le maître inscrit ses élèves, élabore un plan de travail en insérant des exercices existants. On peut aussi créer ses propres exercices, faire 3 niveaux de difficultés, accéder à la fiche de chaque élève.
- La recherche documentaire en binôme : sur un sujet cadré, sur un site adapté et sélectionné par l’enseignant.
Merci Valérie pour tes explications !
1 ULIS : Unité Localisée pour l'Inclusion Scolaire
2 TBI : Tableau Blanc Interactif
3 classe 2.0 (prononcer deux point zéro) : ce terme découle du Web 2.0 qui constitue l'évolution du Web vers l'interactivité et simplicité d'utilisation, n'impliquant pas de connaissances techniques et informatiques de la part des utilisateurs. On peut dès lors définir une classe 2.0 comme un environnement scolaire dans lequel le travail avec les outils numériques s'imbrique naturellement avec les autres pratiques dans un seul processus d'apprentissage.
4 MOOC (Massive Open Online Course en anglais) : FLOT (Formation en Ligne Ouverte à Tous)
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